
Alors que s’ouvre le conclave pour élire le successeur du pape François, l’Afrique place ses espoirs dans cinq cardinaux d’envergure. De Peter Turkson à Fridolin Ambongo, ces figures aux profils contrastés pourraient faire entrer l’Église catholique dans une nouvelle ère historique, celle d’un pape africain.
Depuis la mort du pape François le 21 avril 2025, tous les regards sont tournés vers le conclave qui s’est ouvert le 7 mai au Vatican. Parmi les 133 cardinaux électeurs réunis pour élire le nouveau souverain pontife, cinq figures africaines se détachent et nourrissent l’espoir d’un tournant historique pour l’Église catholique : l’élection, pour la première fois depuis des siècles, d’un pape issu du continent africain. Leurs parcours, leurs visions et leurs convictions les placent parmi les outsiders crédibles dans cette course spirituelle et politique.
Peter Turkson : le pionnier ghanéen, entre diplomatie et foi sociale
À 76 ans, le cardinal Peter Turkson incarne la stature internationale. Premier cardinal d’Afrique de l’Ouest, nommé en 2003, il est reconnu pour son expertise sociale et économique, qu’il exprime notamment lors des Forums de Davos. Polyglotte et respecté dans les cercles diplomatiques du Vatican, il a été un proche de Benoît XVI, qui l’avait chargé de réfléchir aux grands défis africains. Son profil rassembleur et son engagement contre les dérives économiques mondiales en font un candidat solide à une époque où le rôle social de l’Église est de plus en plus scruté.
Robert Sarah : le conservateur guinéen qui divise mais fédère
À 79 ans, à la limite de l’âge canonique pour voter, le cardinal Robert Sarah représente la voix des traditionalistes. Réputé pour sa discrétion autant que pour ses prises de position très conservatrices sur le célibat sacerdotal, l’homosexualité ou encore la place des femmes dans l’Église, il est une figure majeure de l’opposition doctrinale à certaines évolutions impulsées par François. S’il divise, notamment en Europe, il jouit d’un large soutien parmi les catholiques conservateurs, notamment en Afrique et dans certaines parties des Amériques.
Dieudonné Nzapalainga : le Centrafricain bâtisseur de paix
À 57 ans, le cardinal centrafricain Dieudonné Nzapalainga est le plus jeune du groupe et le plus aligné avec l’esprit pastoral du pape François. Nommé cardinal en 2016, il s’est illustré par son courage durant les conflits de 2013 en Centrafrique, sillonnant les zones de guerre pour porter secours et dialogue interreligieux, en lien avec des figures musulmanes et protestantes. Pour beaucoup, il incarne un catholicisme africain ancré dans la réconciliation, la proximité avec les fidèles et l’engagement social. Il séduit par sa modernité et son humanisme spirituel.
Fridolin Ambongo : le Congolais au cœur des réformes vaticanes
Archevêque de Kinshasa et cardinal influent du « C9 », conseil rapproché du pape François, Fridolin Ambongo est un homme de réseaux et de stratégie. Conservateur sur les questions de mœurs, il s’est opposé publiquement à la bénédiction des couples homosexuels, tout en étant un ardent défenseur de la paix et de la justice en RDC. À 65 ans, il représente une synthèse rare entre fidélité à la tradition catholique et implication dans les réformes structurelles de l’Église. Son expérience au cœur du Vatican lui confère une stature de candidat sérieux et respecté.
Stephen Brislin : le Sud-Africain libéral et diplomate
Issu de l’Afrique du Sud et d’ascendance européenne, le cardinal Stephen Brislin, 68 ans, se distingue par ses positions modérées et sa capacité à dialoguer avec toutes les sensibilités de l’Église. Nommé cardinal en 2023, il a occupé la présidence des évêques sud-africains et s’est illustré par ses prises de position contre la corruption et pour les droits des mineurs malades. Son profil de modéré libéral, influent au sein de la Curie, séduit une partie des cardinaux désireux d’un pontificat moins polarisé.
Une Église à la croisée des continents
L’Afrique, qui représente près de 20 % des catholiques du monde, n’a jamais eu de pape issu de ses terres depuis les premiers siècles de la chrétienté. Avec cinq figures d’envergure, aux profils variés mais puissants, le continent pourrait enfin accéder à la tête de l’Église universelle. Le conclave 2025 pourrait bien être celui d’un tournant historique. Entre tradition, réformes, paix et diplomatie, les voix africaines ont plus que jamais leur mot à dire dans l’avenir spirituel du catholicisme mondial.