Une centaine de mineurs piégés en Afrique du Sud : un nouvel épisode dramatique


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Effondrement
Effondrement

Un incident survenu dans la mine d’or Kloof, près de Johannesburg, a piégé 289 mineurs sous terre. La société Sibanye Stillwater a assuré que tous sont sains et saufs, tandis que des opérations de secours sont en cours. Le Syndicat national des mineurs a dénoncé la lenteur de la réaction de l’entreprise.

La société sud-africaine Sibanye Stillwater a annoncé qu’un incident s’est produit dans sa mine d’or de Kloof, située à environ 60 kilomètres à l’ouest de Johannesburg, laissant 289 mineurs bloqués sous terre. Fort heureusement, selon les déclarations de l’entreprise, tous les travailleurs sont sains et saufs et ont pu se rassembler dans l’un des points les plus profonds de la mine.

Le porte-parole de Sibanye a précisé que des opérations de secours étaient en cours, avec une attention particulière portée à la sécurité des infrastructures avant la remontée des travailleurs. La mine concernée, Kloof 7, est l’un des puits les plus profonds du bassin de Witwatersrand, atteignant jusqu’à 3 200 mètres de profondeur. Elle représente environ 14% de la production totale d’or de la compagnie.

Une réaction tardive et un syndicat en colère

Le Syndicat national des mineurs (NUM) a vivement critiqué la gestion de l’incident par l’entreprise, soulignant une réaction jugée trop lente. Les circonstances exactes de l’incident n’ont pas encore été rendues publiques, renforçant les interrogations sur la sécurité des sites miniers exploités légalement en Afrique du Sud, un pays pourtant réputé pour son expertise minière. Cet événement s’ajoute à une série noire de catastrophes survenues récemment dans le secteur aurifère, notamment celles impliquant des mineurs clandestins.

Alors que les yeux étaient rivés sur Kloof, une autre tragédie a secoué l’Afrique du Sud : les autorités ont annoncé la découverte de 36 corps de mineurs illégaux dans une mine désaffectée près de Stilfontein. Ces travailleurs, surnommés les « zama zamas », ont été victimes de l’effondrement de galeries souterraines où ils opéraient dans l’ombre, sans protection ni supervision. D’après les secouristes, une lettre retrouvée sur place fait état de plus de 100 corps potentiels encore piégés.

Les « zama zamas » : survivre dans l’ombre

Depuis août 2024, près de 1 500 mineurs clandestins ont été extraits de cette mine, démontrant l’ampleur du phénomène. La région devient ainsi le symbole d’un secteur aurifère où la misère côtoie le danger permanent. Les mineurs clandestins, souvent issus de pays voisins comme le Zimbabwe, le Mozambique ou le Lesotho, sont attirés par les espoirs de fortune rapide. Le mot zoulou zama zama signifie d’ailleurs « ceux qui essaient ». Mais ce rêve tourne souvent au cauchemar.

Ces travailleurs illégaux opèrent dans des conditions précaires, armés de simples pioches, sans protection contre les éboulements, les gaz toxiques ou les violences entre bandes rivales. Beaucoup vivent sous terre pendant des semaines, dans des conditions inhumaines, exposés aux maladies et à la malnutrition. Ce phénomène, devenu endémique, révèle l’incapacité de l’État à réguler ses propres ressources et à offrir des alternatives économiques viables.

Une politique répressive décriée

La réponse des autorités sud-africaines n’a pas tardé à provoquer la controverse. Depuis plusieurs mois, des blocus alimentaires et opérations de police sont menés pour forcer les « zama zamas » à sortir des mines. Des propos controversés de la ministre de l’Énergie, Khumbudzo Ntshavheni, évoquant l’idée d’« enfumer » les galeries, ont été condamnés par les ONG et les communautés locales.

L’Afrique du Sud n’est pas seule dans cette situation. Plusieurs pays riches en ressources minières ont connu des tragédies similaires. En République Démocratique du Congo, au Burkina Faso, en Guinée ou encore en Sierra Leone, les effondrements de mines artisanales ou abandonnées font des dizaines de morts chaque année. Le cas du Mali, en janvier 2024, a particulièrement marqué les esprits. L’effondrement de la mine artisanale de Kobadani, près de Bamako, a causé la mort de 73 orpailleurs.

En Zambie, un bilan humain encore lourd

Les mineurs travaillaient dans une galerie instable, sans équipements de sécurité. L’accident est attribué à des techniques d’extraction rudimentaires et à des sols fragiles. Dernier exemple en date, la Zambie a connu un effondrement meurtrier dans une mine du district de Mumbwa, causant la mort d’au moins dix mineurs. Cet accident survient quelques semaines seulement après un drame similaire, où près de 30 personnes ont péri. Là encore, des conditions de travail dégradées, un manque de régulation et l’absence de normes de sécurité strictes sont en cause.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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