Trump cible l’Afrique avec une nouvelle caution de visa pouvant atteindre 15 000 dollars


Lecture 3 min.
trump_afrique_visa

Donald Trump vient d’annoncer un programme imposant aux ressortissants de certains pays africains le paiement d’une lourde caution pour entrer aux États-Unis. Une mesure  discriminatoire qui pourrait définitivement freiner les relations avec plusieurs États du continent.

Dans le cadre d’un projet pilote d’une durée de douze mois, les voyageurs en provenance de la Zambie ou du Malawi devront désormais déposer une caution allant de 5 000 à 15 000 dollars pour obtenir un visa de tourisme ou d’affaires (B-1/B-2). Le dispositif, qui prendra effet à compter du 20 août 2025, prévoit que ce dépôt soit intégralement restitué si le visiteur quitte le territoire américain dans les délais impartis. Le montant exact de la caution sera fixé au cas par cas, sur décision des agents consulaires.

Cette mesure vise officiellement à répondre à la problématique des « overstays », ces séjours illégaux prolongés au-delà de la date autorisée par le visa. Selon les chiffres avancés par le département de la Sécurité intérieure, plus de 500 000 personnes ont dépassé la durée de leur visa en 2023, un chiffre que l’administration Trump juge préoccupant. Mais cette politique, qui cible prioritairement l’Afrique, suscite l’indignation d’organisations de défense des droits des migrants et de plusieurs chancelleries africaines.

Une liste noire africaine en expansion

Outre la Zambie et le Malawi, une dizaine d’autres pays africains pourraient bientôt être soumis à cette caution obligatoire. Le Nigeria, le Ghana, le Cameroun, l’Éthiopie, l’Ouganda, le Libéria, la République démocratique du Congo, le Soudan du Sud, le Tchad et le Bénin figurent parmi les États surveillés par les services de l’immigration américaine, en raison de taux jugés élevés de non-respect des visas touristiques. À ces pays s’ajoutent d’autres États africains, visés non par le programme de caution, mais par un possible élargissement du « travel ban », cette interdiction d’entrée sur le sol américain déjà appliquée à certains pays à majorité musulmane sous le premier mandat Trump.

Ainsi, selon des fuites relayées par la presse américaine, des discussions internes à la Maison-Blanche évoquent une extension du « travel ban » à une trentaine de nouveaux pays, dont plusieurs africains : le Sénégal, l’Égypte, Djibouti, le Mali, la Mauritanie, la Guinée, la Guinée-Bissau ou encore le Togo. Ce tour de vis migratoire s’inscrit dans une stratégie électorale où la fermeté frontalière est brandie comme une promesse de campagne.

La Chine et la Turquie en embuscade

En Afrique, cette nouvelle mesure est perçue comme une humiliation diplomatique et une forme de stigmatisation. De nombreux observateurs dénoncent une politique discriminatoire fondée sur des critères opaques et motivée davantage par des considérations électoralistes que par une réelle volonté de réguler les flux migratoires.

Mais il s’agit aussi d’un signal inquiétant envoyé à une jeunesse africaine en quête de mobilité, d’opportunités et d’échanges culturels. A l’opposé de ce que met en avant la Chine, qui va pouvoir accueillir les jeunes cerveaux africains.

L’instauration d’une barrière financière aussi élevée est dissuasive et constitue une rupture majeure avec les pratiques diplomatiques traditionnelles. En conditionnant l’entrée sur le territoire américain à la capacité financière du visiteur, cette politique ferme symboliquement la porte à des milliers de candidats aux études, au tourisme ou à la coopération économique.

Alors que les États-Unis affirment vouloir renforcer leurs liens économiques avec l’Afrique, ce type de décision va affaiblir leur image et leur influence sur le continent, au moment même où d’autres puissances, comme la Chine ou la Turquie, accentuent leur présence.

Idriss K. Sow Illustration d'après photo
Journaliste-essayiste mauritano-guinéen, il parcourt depuis une décennie les capitales et les villages d’Afrique pour chroniquer, en français, les réalités politiques, culturelles et sociales de l'Afrique
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News