
Des réseaux de trafic d’armes et de drogue reliant la France et le Maroc ont été démantelés, donnant lieu à plusieurs condamnations à Paris et Caen. Les affaires impliquent des trafiquants locaux, un ex-militaire reconverti en marchand d’armes, ainsi que la découverte d’un arsenal lié à Daech au Maroc, révélant des ramifications criminelles et terroristes transnationales.
À Paris, le tribunal correctionnel a jugé deux hommes, Nidal (40 ans) et son complice surnommé « Nono » (37 ans), pour trafic de drogue et d’armes, dont certaines étaient destinées au Maroc. L’enquête débute le 1er août 2016, à la suite d’un renseignement sur un trafic de cannabis et de cocaïne mené depuis un salon de coiffure situé avenue de la République, à Aubervilliers. Sous surveillance policière, les allées et venues suspectes sont constatées, révélant des liens avec un autre individu à Vitry-sur-Seine.
Deux fusils Kalachnikov sont vendus depuis le même salon
En septembre 2017, les investigations s’intensifient lorsqu’il est révélé que deux fusils Kalachnikov sont vendus depuis le même salon pour 2 500 euros chacun. La Brigade de répression du banditisme (BRB) et un juge de la juridiction interrégionale reprennent alors l’affaire. Une perquisition en 2021 chez « Nono » permet la saisie de 2,9 kg de cannabis, un pistolet, deux fusils, douze téléphones portables, plusieurs comptes bancaires et des véhicules de luxe. Les deux suspects présentent un lourd passé judiciaire : Nidal, douze condamnations pour vols, violences et trafic de stupéfiants ; Nono, sept pour des faits similaires.
Au procès, Nidal nie toute implication, affirmant vendre des produits divers comme du tabac à chicha ou des tickets de restauration. Nono, lui, admet avoir vendu du cannabis en raison de dettes de jeu, mais minimise son rôle, déclarant n’être qu’un gardien de la drogue. Il affirme également que les armes saisies étaient destinées au Maroc pour la chasse. Le 29 avril 2025, le tribunal rend son verdict : Nidal est condamné à deux ans de prison avec sursis, Nono à trois ans dont vingt-huit mois avec sursis. La légèreté des peines s’explique par l’ancienneté des faits.
Un ancien commando de la marine reconverti dans le commerce d’armes
Parallèlement, à Caen, un ancien commando de la marine reconverti dans le commerce d’armes a été jugé pour ventes illégales à des pays africains, dont le Maroc. Gérant de deux sociétés, cet homme de 52 ans avait vendu armes et équipements militaires à la Mauritanie, au Bénin, au Congo et au Maroc. En 2019, il est condamné à trois ans de prison avec sursis, 50 000 € d’amende, 15 ans d’interdiction d’exercer une activité commerciale et cinq ans d’interdiction de détenir une arme. Il justifie ses actes par une volonté de lutter contre le terrorisme. Malgré un refus d’autorisation officielle, il poursuit ses activités, ce qui le conduit devant la justice à nouveau en 2025.
Enfin, en février 2025, le Bureau Central d’Investigations Judiciaires (BCIJ) marocain découvre une importante cache d’armes dans la province d’Errachidia, liée à une cellule terroriste de Daech. L’arsenal, dissimulé dans un site reculé, comprenait fusils, pistolets et munitions, emballés dans des sacs contenant des journaux maliens. Selon l’enquête, les armes provenaient d’un cadre de Daech au Sahel et devaient servir à des attentats. L’enquête se poursuit pour démanteler les ramifications de cette cellule.