Trafic d’animaux : saisie record de guépards au large de Berbera


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Un guépard
Un guépard

Les garde-côtes du Somaliland ont intercepté dimanche un boutre transportant onze jeunes guépards destinés au commerce illégal d’animaux sauvages. Cette saisie, l’une des plus importantes jamais réalisées dans la région, met une nouvelle fois en lumière l’ampleur d’un trafic qui menace directement la survie de l’espèce.

Les petits félins étaient enfermés dans des sacs de jute, entassés comme de simples marchandises, lorsqu’ils ont été découverts près du port stratégique de Berbera. Cinq individus – deux ressortissants somalilandais et trois Yéménites – ont été arrêtés à bord de l’embarcation. Selon les autorités, le groupe s’apprêtait à traverser le golfe d’Aden pour acheminer les animaux vers les pays du Golfe, où la demande pour les guépards comme animaux de compagnie demeure forte.

Des conditions dramatiques pour les félins

Affaiblis, mal nourris et stressés, les guépards ont été transférés vers un centre de soins géré par le Cheetah Conservation Fund (CCF), organisation internationale spécialisée dans la protection de l’espèce. Malgré l’assistance vétérinaire immédiate, deux des animaux sont morts quelques heures après leur arrivée, tandis que deux autres restent dans un état critique. Les sept autres montrent toutefois de premiers signes de stabilisation.

« Les guépardeaux étaient dans un état catastrophique, extrêmement fragiles », a témoigné Laurie Marker, fondatrice du CCF. « Les guépards ne sont pas des animaux domestiques. Ce sont des prédateurs essentiels à l’équilibre de l’écosystème », a-t-elle ajouté.

Le Somaliland, hub du commerce clandestin

Depuis plusieurs années, le Somaliland s’impose comme un point de passage clé du trafic d’espèces sauvages. Les guépards capturés dans la Corne de l’Afrique sont régulièrement expédiés à travers le golfe d’Aden pour alimenter le marché noir du luxe dans la péninsule Arabique. En août dernier, dix autres félins avaient déjà été saisis dans des conditions similaires.

Cette répétition d’interceptions illustre la pression constante exercée par les réseaux de trafiquants sur une espèce déjà menacée. Il ne resterait aujourd’hui que moins de 7 000 guépards à l’état sauvage dans le monde, selon les estimations des spécialistes.

Un combat de longue haleine

Pour Laurie Marker et son équipe, chaque sauvetage représente une victoire fragile mais essentielle : « Chaque guépard compte. Si nous en perdions ne serait-ce qu’un au profit du commerce illégal, nous rapprochons un peu plus l’espèce de l’extinction », insiste-t-elle.

Au moment où les garde-côtes poursuivent leurs enquêtes pour démanteler les réseaux transnationaux, les défenseurs de l’environnement, eux, appellent à renforcer la coopération régionale et internationale. Le sort de ces jeunes félins rappelle que la survie des guépards dépend non seulement des soins prodigués aux survivants, mais aussi de la capacité des États à enrayer un trafic dont les profits menacent directement la biodiversité mondiale.

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Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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