Tabaski 2025 : le cri des Sénégalais pour des moutons à prix raisonnables


Lecture 4 min.
Des moutons
Des moutons (illustration)

À quelques jours de la célébration de la Tabaski, prévue le 6 juin 2025, une grosse inquiétude s’empare de nombreux foyers sénégalais : le prix du mouton. Alors que cette fête revêt une dimension spirituelle profonde et constitue un moment fort de solidarité, de partage et de retrouvailles familiales, elle devient pour beaucoup une source de stress financier. Sur les marchés, les prix flambent, et les citoyens s’interrogent : jusqu’où ira cette hausse et que font les autorités pour y remédier ?

La fête de l’Aïd el-Kébir, ou Tabaski, impose à ceux qui en ont les moyens de sacrifier un mouton en souvenir du geste du prophète Ibrahim. Mais la réalité économique vient ternir cette obligation religieuse. Chaque année, des familles se saignent aux quatre veines pour acquérir un mouton, parfois au prix de plusieurs mois de salaire. Pour 2025, les tendances observées sur les marchés sénégalais indiquent que le prix moyen d’un mouton de taille convenable tourne autour de 180 000 à 250 000 francs CFA, avec des spécimens plus gros atteignant 400 000 francs, voire davantage. Des montants inaccessibles pour une majorité de ménages.

Face à cette situation, les appels des citoyens aux autorités du Sénégal se multiplient. Sur les réseaux sociaux, dans les marchés, dans les médias locaux, les voix s’élèvent pour demander des actions concrètes : régulation des prix, contrôle du marché, soutien aux éleveurs locaux, facilitation de l’importation des moutons depuis les pays voisins (Mali, Mauritanie), voire subventions. Ce cri du cœur n’est pas nouveau, mais il prend cette année une tonalité particulière dans un contexte de crise économique généralisée, avec un pouvoir d’achat en berne et une inflation persistante.

Des prix imposés en dehors de tout cadre réglementaire

Le gouvernement, de son côté, reconnaît l’ampleur du problème. Certaines mesures sont annoncées chaque année : mise en place de points de vente subventionnés, suppression de certaines taxes douanières, construction de marchés à bétail temporaires dans les grandes villes. Mais les résultats restent mitigés, car les spéculateurs et les intermédiaires profitent souvent de la forte demande pour imposer leurs prix, en dehors de tout cadre réglementaire.

Il est temps pour les autorités de repenser de manière plus structurelle la gestion de la filière bétail. La demande saisonnière pour la Tabaski ne devrait plus être une surprise ; elle est connue, prévisible et devrait faire l’objet d’une planification rigoureuse. Le soutien aux éleveurs locaux, notamment en matière de fourrage, de soins vétérinaires et de logistique, pourrait permettre d’augmenter l’offre sur le marché national. Par ailleurs, les partenariats régionaux doivent être renforcés pour garantir un approvisionnement fluide depuis les pays voisins, sans que les coûts d’importation ne soient répercutés exagérément sur les consommateurs.

Acte symbolique qui ne doit pas être source d’endettement

La transparence est également une piste essentielle. Pourquoi ne pas mettre en place des plateformes de suivi des prix du bétail, accessibles à tous, pour éviter les abus et permettre aux acheteurs de faire jouer la concurrence de manière équitable ? De même, un encadrement plus strict des commerçants, notamment sur les sites de vente agréés, permettrait de mieux réguler le marché sans nuire à sa vitalité.

Au-delà des solutions techniques, c’est aussi un changement de mentalité qui est à encourager. De plus en plus de voix religieuses appellent à la modération, rappelant que le sacrifice du mouton est un acte symbolique qui ne doit pas être source d’endettement ou de pression sociale. Offrir un mouton plus modeste, ou même s’abstenir si les moyens ne le permettent pas, n’enlève rien à la foi. La Tabaski est avant tout une célébration spirituelle et communautaire, non une course à la démonstration de richesse.

L’urgence pour les autorités d’agir

Les Sénégalais espèrent que cette année, leur appel ne sera pas vain. Ils attendent des actions concrètes, rapides et efficaces. Ils réclament un encadrement juste du marché, qui protège les consommateurs sans étouffer les éleveurs. Ils souhaitent pouvoir vivre la fête dans la dignité, sans avoir à choisir entre un mouton et les besoins essentiels de leur famille. C’est là un enjeu de justice sociale, mais aussi de paix sociale.

En ce mois de préparation, les regards sont tournés vers les autorités. Entendront-elles enfin la voix de ceux qui peinent à joindre les deux bouts ? La Tabaski doit rester un moment d’union, non une épreuve économique. Et c’est maintenant qu’il faut agir.

Avatar photo
Une plume qui balance entre le Sénégal et le Mali, deux voisins en Afrique de l’Ouest qui ont des liens économiques étroits
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News