Soudan : l’enfer au quotidien pour les femmes et les enfants dans l’indifférence mondiale


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Silence médiatique en Afrique
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Au Soudan, la guerre déclenchée depuis avril 2023 se transforme en cauchemar pour les femmes et les enfants, pris au piège d’une crise humanitaire majeure ignorée par la communauté internationale. Entre violences sexuelles, famine et déplacements forcés, El Fasher et le Darfour deviennent des symboles d’un pays dévasté, tandis que des intérêts étrangers attisent le conflit et aggravent le sort des plus vulnérables.

Le Soudan traverse l’une des crises humanitaires les plus graves du XXIe siècle, marquée par une indifférence internationale alarmante et un quotidien infernal pour les femmes et les enfants. Depuis avril 2023, la guerre opposant les Forces armées soudanaises (FAS) aux Forces de soutien rapide (FSR) a plongé le pays dans une spirale de violence où les civils sont les premières victimes. À El Fasher, après un siège de plus de 500 jours, les témoignages relatent des exécutions sommaires, des actes de viols systématiques et des pillages généralisés, rappelant les pires heures du Darfour.

Les implication étrangères sources du conflit

Les FSR, héritières des Janjawids, ont accentué leurs tactiques répressives, faisant du viol une arme de guerre et entraînant des enfants dans les combats, tués, mutilés ou enrôlés de force. Cette situation est attisée par des intérêts géopolitiques et économiques extérieurs, notamment l’implication active des Émirats arabes unis qui, selon plusieurs rapports, soutiennent militairement et financièrement les FSR pour mieux contrôler les ressources soudanaises comme l’or du Darfour et sécuriser leur influence sur la mer Rouge.​

Face à ces tragédies, les chiffres sont révélateurs : plus de 15 millions d’enfants nécessitent une aide humanitaire urgente, et près de 16,5 millions ne vont plus à l’école, tandis que la famine sévit dans plusieurs régions comme El Fasher et Kadugli, aggravée par l’obstruction volontaire de l’aide et la destruction des infrastructures agricoles. Les violences sexuelles d’une brutalité inouïe touchent toutes les femmes, même au sein des camps de déplacés, où la sécurité reste précaire et où le troc du corps pour de la nourriture devient monnaie courante. Dans les hôpitaux et écoles, les attaques ciblées privent les plus vulnérables de leurs derniers refuges.​

Les enfants soudanais pris au piège

« Les enfants soudanais sont pris au piège dans l’un des environnements les plus dangereux au monde. Ils ont besoin de sécurité, de protection, de nourriture et de soins médicaux – maintenant, pas plus tard », a déclaré Vanessa Frazier, la Représentante spéciale de l’ONU.

L’exode massif accentue la détresse, avec plus de 11 millions de personnes déplacées dont 3 millions ont franchi les frontières pour rejoindre des pays déjà fragiles, tels que le Tchad ou l’Égypte. Les enfants non accompagnés sont exposés à d’innombrables dangers, alors que les femmes qui fuient subissent de nouveaux abus. Malgré le cri d’alarme lancé par des organisations internationales et des expertes comme Vanessa Frazier, la mobilisation reste insuffisante et le Conseil de sécurité demeure impuissant.​

Le drame soudanais est avant tout le fruit de choix politiques et de l’inaction internationale. Sans intervention rapide, c’est une génération entière sera sacrifiée ; l’histoire jugera sévèrement ceux qui ont détourné le regard.​

Idriss K. Sow Illustration d'après photo
Journaliste-essayiste mauritano-guinéen, il parcourt depuis une décennie les capitales et les villages d’Afrique pour chroniquer, en français, les réalités politiques, culturelles et sociales de l'Afrique
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