
La prise de position d’Abdelilah Benkirane contre la proclamation d’une entité kabyle indépendante a relancé le débat sur les risques de fragmentation au Maghreb. L’ancien chef du gouvernement marocain y voit un signal alarmant dans un environnement régional déjà fragile, marqué par des tensions politiques persistantes. À ses yeux, ce type d’initiative dépasse le cadre algérien et menace l’équilibre nord-africain. Benkirane appelle ainsi à privilégier la cohésion, le dialogue interne et la solidarité régionale face aux projets qu’il juge déstabilisateurs.
L’annonce de la création d’une prétendue « République fédérale de Kabylie » par le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et le Gouvernement kabyle en exil (Anavad), proclamée depuis Paris, continue de susciter de vives réactions dans la région. Au Maroc, Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD) et ancien chef du gouvernement, a exprimé une opposition ferme à cette initiative qu’il considère comme lourde de conséquences politiques, sociales et géostratégiques.
S’exprimant lors d’une réunion du secrétariat général de son parti, Abdelilah Benkirane n’a pas mâché ses mots. Pour lui, cette proclamation ne peut être dissociée d’un contexte régional déjà marqué par des tensions et des divisions profondes. Il estime que cet acte s’inscrit dans une dynamique plus large visant à fragiliser les États de la région nord-africaine.
« Une faute politique majeure » selon le leader du PJD
Abdelilah Benkirane a qualifié cette démarche de « faute grave », soulignant qu’elle risque d’ouvrir la voie à une instabilité durable, non seulement en Algérie, mais dans l’ensemble du Maghreb. Selon lui, toute tentative de sécession dans un pays déjà confronté à des défis internes revient à ajouter de l’huile sur le feu.
L’ancien chef du gouvernement marocain a mis en garde contre ce qu’il décrit comme des « projets de morcellement » hérités de logiques coloniales, qui viseraient à affaiblir les pays musulmans en exploitant leurs fractures internes. « Nos sociétés sont déjà suffisamment divisées », a-t-il déclaré, appelant à la prudence face aux discours qui encouragent la rupture plutôt que le dialogue.
Un appel à la solidarité entre les peuples
Dans son intervention, Benkirane s’est également adressé directement aux populations de Kabylie. Sans nier l’existence de difficultés économiques, sociales ou politiques, il les a exhortées à ne pas rompre les liens avec le reste du peuple algérien. Pour lui, les problèmes internes doivent être traités dans le cadre de l’unité nationale, et non par des projets de séparation qui risquent d’aggraver les tensions.
Il a insisté sur le fait que la solidarité entre les peuples de la région demeure un pilier essentiel pour faire face aux défis communs, qu’ils soient économiques, sécuritaires ou géopolitiques. Au-delà des considérations politiques, Abdelilah Benkirane a invoqué une dimension religieuse pour justifier son rejet de l’initiative du MAK.
Une position fondée aussi sur des arguments religieux
Se référant au principe de l’unité de la Oumma, il a estimé que toute action susceptible d’approfondir les divisions entre musulmans est moralement et religieusement répréhensible. Selon lui, la scission et la fragmentation constituent un « mal » qui affaiblit les sociétés et détourne les énergies des véritables priorités, telles que le développement, la justice sociale et la coopération régionale.
Le secrétaire général du PJD a également critiqué certains médias et observateurs qui, selon lui, traiteraient cette proclamation avec complaisance, voire enthousiasme. Il a rappelé que l’instabilité d’un pays maghrébin a des répercussions directes sur ses voisins. Pour Benkirane, l’intérêt stratégique du Maroc, de l’Algérie et de l’ensemble de la région repose sur la stabilité et l’unité des États.
Une menace collective pour le Maghreb
Toute tentative de remise en cause des frontières ou de l’intégrité territoriale constitue, à ses yeux, une menace collective. En conclusion, Abdelilah Benkirane a réaffirmé sa conviction que l’avenir du Maghreb ne peut se construire que sur la coopération, le dialogue et le respect de l’unité nationale des pays qui le composent, rejetant toute initiative qu’il considère comme porteuse de division et de chaos.





