Le Premier ministre soudanais à New York pour une tentative d’apaisement


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Kamil Idris
Kamil Idris

Alors que le Soudan s’enfonce dans une crise humanitaire sans précédent, Kamil Idris, Premier ministre depuis mai 2025, s’est envolé pour les États-Unis afin de rencontrer le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Les discussions porteront sur un éventuel cessez-le-feu et l’acheminement de l’aide humanitaire, dans un contexte où les négociations internationales restent au point mort.

Kamil Idris, Premier ministre du Soudan depuis mai 2025, est aux États-Unis où il doit rencontrer le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Alors que les négociations pour résoudre la crise sont au point mort, il sera question de discuter des conditions d’un cessez-le-feu et de la création de corridors humanitaires afin de porter assistance aux populations soudanaises.

Près de deux mois après la chute de la ville d’El-Fasher, capitale de la province du Darfour du Nord, aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) le 26 octobre dernier, les combats s’intensifient, y compris dans des régions voisines comme le Kordofan, dans le sud du pays.

Cette situation fait craindre des exactions similaires à celles commises lors de la prise d’El-Fasher, où des massacres, des viols et des pillages ont été signalés depuis octobre, malgré les efforts internationaux pour obtenir une trêve entre l’armée soudanaise et les paramilitaires des FSR.

Les Émirats arabes unis au cœur des accusations

Le conflit soudanais est marqué par l’implication controversée des Émirats arabes unis, accusés par Khartoum de fournir armes, munitions et soutien logistique aux FSR. Selon plusieurs enquêtes, dont celles de l’ONU et d’Amnesty International, des dizaines de vols cargo émiratis auraient acheminé du matériel militaire via des aérodromes au Tchad et en Libye, avant d’être transféré aux paramilitaires.

Le Soudan a d’ailleurs rompu ses relations diplomatiques avec Abou Dhabi et déposé une plainte devant la Cour internationale de justice pour complicité de génocide. Les Émirats nient ces accusations, affirmant ne soutenir que des efforts humanitaires. Cette implication présumée a également suscité des tensions au Congrès américain, où des élus ont tenté de bloquer les ventes d’armes aux EAU.

Une feuille de route conditionnelle présentée à l’ONU

Afin de mettre fin à une crise humanitaire qui ne cesse de prendre de l’ampleur, Kamil Idris, lors de sa rencontre avec le secrétaire général de l’ONU, discutera des moyens de faciliter l’accès à l’aide humanitaire et réaffirmera l’engagement du gouvernement à respecter une feuille de route pour un « cessez-le-feu conditionné au retrait des FSR des zones et villes qu’elles contrôlent », comme l’a annoncé Mohamed Abdel Qader, conseiller du Premier ministre soudanais.

Cette visite fait suite à une déclaration d’Antonio Guterres annonçant la préparation de discussions avec les deux parties, malgré le manque de résultats des négociations menées par les États-Unis avec le groupe de médiateurs dit du « Quad », réunissant l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte et les États-Unis.

Déchiré depuis avril 2023, le Soudan fait face à un conflit qui a fait à ce jour plus de 150 000 morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l’ONU qualifie de « pire crise humanitaire au monde ».

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Franck Biyidi est diplômé de l'IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) je suis spécialiste des relations internationales au sein de la Francophonie et de l'Union Africaine et de tout ce qui touche la diplomatie en Afrique francophone
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