
Fermé depuis plus de deux ans, l’aéroport international de Khartoum renaît peu à peu de ses ruines. Repris par l’armée soudanaise en mars, il symbolise un espoir de retour à une certaine normalité pour des millions de déplacés. Si la piste est déjà opérationnelle, les terminaux et services essentiels nécessitent encore d’importants travaux.
Entre reconstruction et guerre civile persistante, sa réouverture incarne à la fois un défi logistique et un enjeu politique majeur.
Un chantier stratégique en pleine zone de conflit
Ce jeudi, Ibrahim Jaber, membre du Conseil souverain de transition, s’est rendu pour la première fois dans la capitale depuis la reprise de l’aéroport par les forces gouvernementales. Il a constaté que la piste d’atterrissage est désormais opérationnelle, mais que les terminaux, les halls d’arrivée et les services essentiels, tels que l’électricité et l’eau, nécessitent encore d’importants travaux. Il a affirmé que la reprise des vols permettra bientôt aux Soudanais de rentrer chez eux et a insisté sur l’importance de cette réouverture pour reconnecter la diaspora au pays.
Un espoir pour les humanitaires et les déplacés
Le rétablissement des opérations aériennes à Khartoum pourrait aussi marquer un tournant pour les ONG. Le contrôle militaire de la zone et le calme relatif observé dans la capitale faciliteraient l’acheminement de provisions dans un pays où près de 12 millions de personnes ont été déplacées et où la famine menace de nombreuses régions. Pour Ibrahim Jaber, même dans un contexte de « budget de guerre », la remise en état des infrastructures de service reste prioritaire, aux côtés des hôpitaux, de l’accès à l’eau et à l’électricité.
Un pays encore divisé
Malgré cette reconquête, le Soudan est loin d’avoir retrouvé la paix. Les Forces de soutien rapide (RSF) conservent le contrôle de vastes territoires dans l’ouest du pays, notamment au Darfour, où de graves accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité font toujours l’objet d’enquêtes internationales. Depuis le début des hostilités, plus de 40 000 personnes ont perdu la vie, et la reconstruction de l’aéroport ne saurait masquer la persistance d’un conflit meurtrier et d’une instabilité politique profonde.
Pour de nombreux Soudanais, la remise en service de l’aéroport international de Khartoum représenterait plus qu’un simple retour des vols commerciaux. Ce serait le signe que le pays peut encore se relever.