
La République de Guinée vient enfin de lancer le démarrage de l’extraction du minerai de fer à Simandou, un projet pharaonique attendu depuis près de trois décennies. Un chantier qui doit transformer durablement la Guinée.
Après des décennies d’attente et de controverses, l’exploitation du gisement de Simandou a officiellement débuté en septembre 2025, avec les premières exportations commerciales prévues pour novembre 2025. Ce projet titanesque, considéré comme le plus grand projet minier et d’infrastructure d’Afrique, va transformer l’économie guinéenne.
Situé dans la région forestière de l’est du pays, entre le Liberia et la Côte d’Ivoire, le gisement s’étend sur plus de 110 kilomètres dans les montagnes de Simandou. Le site recèle plus de 2 milliards de tonnes de minerai de fer à haute teneur, avec une concentration exceptionnelle de 65% en fer, faisant de lui l’un des gisements les plus qualitatifs au monde.
Un investissement colossal
Le projet a nécessité 21,5 milliards de dollars d’investissements, mobilisant une coalition internationale menée par le géant anglo-australien Rio Tinto aux côtés de plusieurs entreprises chinoises, dont Chinalco, Baowu Steel et le groupe Hongqiao. Cette alliance stratégique reflète l’importance géopolitique du minerai de fer dans la transition vers l’acier vert.
Les infrastructures construites sont impressionnantes : une ligne ferroviaire de plus de 600 kilomètres traversant le pays d’est en ouest, 235 ponts, plus de 24 kilomètres de tunnels, et un port en eau profonde spécialement aménagé à Morebaya sur la côte atlantique. Cette prouesse d’ingénierie a nécessité d’importants travaux de défrichement dans la forêt tropicale dense.
Un impact économique majeur
À pleine capacité, Simandou devrait produire jusqu’à 120 millions de tonnes de minerai de fer par an, destinées principalement aux aciéries chinoises. Le projet emploie déjà plusieurs milliers de travailleurs, dont 85% sont guinéens, générant des retombées économiques significatives pour le pays.
Le président du comité stratégique du projet a réaffirmé l’engagement du gouvernement guinéen concernant la transformation locale du minerai, avec des études prévues pour la mise en place d’une aciérie dans un délai de deux ans après le démarrage des exportations.
La haute teneur en fer du minerai de Simandou le rend particulièrement attractif pour les sidérurgistes qui cherchent à réduire leurs émissions de carbone, notamment ceux utilisant des techniques de production à l’hydrogène plutôt qu’au charbon à coke. Dans un contexte de transition énergétique mondiale, ce minerai de qualité supérieure pourrait jouer un rôle clé dans la décarbonation de l’industrie sidérurgique.
Des défis environnementaux et sociaux
Le projet n’est toutefois pas exempt de controverses. Les deux tiers de la population mondiale de chimpanzés occidentaux, une espèce en danger critique d’extinction, vivent en Guinée, certains le long du tracé ferroviaire du Transguinéen. Des inquiétudes persistent sur l’impact environnemental malgré les engagements des développeurs à respecter les normes internationales.
Le projet Simandou a également été entaché par le passé de scandales de corruption et de litiges sur les droits d’exploitation, retardant son développement pendant des années. Après presque trois décennies d’attente depuis la première licence d’exploration accordée en 1997, le fer de Simandou s’apprête enfin à rejoindre les marchés mondiaux, écrivant un nouveau chapitre dans l’histoire minière africaine.