
Sous l’impulsion du président Mamadi Doumbouya, le pays se transforme, en misant sur les infrastructures de transports, l’électrification ou l’accès à l’eau potable. Tour d’horizon des grands chantiers d’une Guinée qui veut rendre son économie à la fois plus diversifiée, plus résiliente et plus inclusive.
La Guinée est en chantier. Aux quatre coins du pays, les grues, bétonneuses et autres engins s’activent. Longtemps resté dans l’ombre de son puissant et dynamique voisin ivoirien, le pays d’une quinzaine de millions d’habitants entend bien prendre, lui aussi, le train de l’émergence – avec une carte maîtresse : les infrastructures. Impulsée au plus haut sommet de l’État guinéen, cette vague de grands travaux vise au moins autant à assurer le développement économique de la Guinée qu’à répondre aux besoins toujours croissants de la population.
Simandou, catalyseur du développement guinéen
En point d’orgue de cette stratégie infrastructurelle, il y a bien sûr le méga-projet de Simandou. Situé dans les montagnes éponymes, au sud-est de la Guinée, il s’agit d’un des plus grands gisements de minerai de fer non-exploités au monde, avec des réserves estimées à 8 milliards de tonnes. Initié à la fin des années 1990, le projet de mine a subi plusieurs ajournements avant d’être relancé au début des années 2020. Pour les autorités guinéennes, associées à des entreprises étrangères, Simandou est vu comme une opportunité historique de développement et de diversification de l’économie nationale.
Au-delà des revenus générés par l’exploitation minière, le projet de Simandou devrait en effet créer des milliers d’emplois locaux et entraîner une nette amélioration des infrastructures de transport. Car pour vendre et exporter le minerai, il faut bien relier la mine aux marchés internationaux ; d’où la construction, déjà amorcée, d’une ligne de chemin de fer de quelque 650 kilomètres, reliant Simandou au port en eau profonde de Morebaya, dans le golfe de Guinée ; d’où aussi les travaux entrepris pour moderniser ce même port, qui devrait à terme accueillir pas moins de 2 000 navires minéraliers par an.
« Morebaya est plus qu’un port », a précisé le ministre des Transports, Ousmane Gaoual Diallo, lors d’une visite du chantier le 21 juin dernier, « c’est une infrastructure de transport qui va contenir le chemin de fer, la route et le maritime pour matérialiser l’ambition de développement du pays. Ici, c’est 60 années de patience qui se matérialisent. (…) Il faut que les Guinéens soient fiers de ça ». La voie ferrée transguinéenne permettra, à ce titre, de désenclaver de nombreuses régions en Haute et Moyenne-Guinée, tout en offrant aux agriculteurs locaux un débouché vers l’international pour leurs ignames et bananes. Une véritable renaissance en perspective pour le réseau ferroviaire guinéen.
Eau, électricité : comment le quotidien des Guinéens change
La frénésie de travaux qui s’est emparée de la Guinée traduit la ferme reprise en main politique de la gestion des infrastructures stratégiques par le gouvernement de Conakry. Le ministère des Transports joue, à ce titre, un rôle central dans la mise en musique de ce volontarisme. L’administration déploie ainsi une approche intégrée, fondée sur la mutualisation des investissements et la multimodalité des ouvrages. Une vision résolument tournée vers l’efficacité, la durabilité et l’amélioration concrète du quotidien des Guinéens.
Et qui ne se limite pas au seul secteur des transports. Des initiatives majeures sont aussi déployées en matière, par exemple, d’électrification. Alors que le gouvernement table sur l’électrification prochaine de quelque 293 localités, urbaines comme rurales, la Banque mondiale a approuvé le 30 juin un crédit de plus de 132 millions de dollars en faveur du Projet d’amélioration de l’accès à l’électricité en Guinée (PAAEG). Le projet étendra, à terme, l’accès à l’électricité à plus de 1,5 million de personnes : un pas « essentiel pour libérer le potentiel économique et social de la Guinée », d’après Issa Diaw, représentant local du Groupe Banque mondiale.
Les avancées sont également notables en ce qui concerne l’accès à l’eau potable. Grâce au Projet urbain eau de Guinée (PUEG), plus de 30 000 habitants du Grand Conakry ont d’ores et déjà bénéficié d’un accès amélioré à l’eau, grâce notamment à l’installation de 12 000 compteurs et au renforcement des compétences techniques de plusieurs centaines d’agents. La mobilité urbaine n’est pas en reste, avec l’arrivée prochaine, annoncée par le ministère des Transports, de 300 nouveaux bus affrétés pour désengorger les rues de la capitale. Des engins qui devraient « contribuer significativement à résoudre la crise du transport urbain », veut croire Ousmane Gaoual Diallo.
Le secteur des transports réformé en profondeur
Sous l’impulsion du ministre, le secteur des transports a d’ailleurs été réorganisé de fond en comble, avec l’instauration d’organes de régulation dédiés à chaque mode de transport (maritime, ferroviaire, aérien). Objectifs revendiqués : une meilleure coordination, une gouvernance renforcée et une supervision cohérente. Et l’État de s’imposer progressivement comme le véritable maître d’œuvre d’une Guinée en pleine émergence, qui contrôle mieux ses précieuses ressources et renforce sa souveraineté énergétique.