
Le Sénégal fait face à une double alerte sanitaire. Alors que la fièvre de la Vallée du Rift (FVR) poursuit sa progression dans plusieurs régions du pays, les autorités sanitaires maintiennent un dispositif de surveillance renforcée contre le Mpox, anciennement appelé variole du singe. Le dernier rapport du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, publié le 26 octobre 2025, dresse un état des lieux préoccupant mais sous contrôle, marqué par une mobilisation accrue des services médicaux et vétérinaires.
La fièvre de la Vallée du Rift, une zoonose transmise principalement par les moustiques et affectant à la fois les animaux et les humains, connaît une propagation continue dans le nord du Sénégal.
Une épidémie de FVR concentrée dans le Nord
D’après les données officielles arrêtées au 25 octobre, 324 cas confirmés ont été recensés depuis le début de l’épidémie, dont 28 décès et 244 guérisons. Treize nouvelles infections ont été détectées ces derniers jours, mais aucun décès supplémentaire n’a été enregistré. La région de Saint-Louis reste l’épicentre de la crise, concentrant plus de 80% des cas (265 au total). Les districts de Richard-Toll (132 cas), Saint-Louis (71 cas), Dagana (28 cas) et Podor (26 cas) figurent parmi les zones les plus durement touchées.
Dans le reste du pays, la maladie s’étend lentement à Louga, Matam, Kaolack et Fatick, avec quelques cas sporadiques à Dakar et Thiès. Les autorités sanitaires redoutent une propagation plus large en raison de la mobilité du bétail et des échanges commerciaux entre régions. En effet, la FVR est souvent transmise aux humains à travers le contact avec du sang ou des tissus d’animaux infectés, notamment les bovins, ovins et caprins. La période de fin d’hivernage, marquée par une recrudescence des moustiques, favorise également la transmission.
Les éleveurs en première ligne
Dans les zones rurales du nord, les éleveurs subissent de plein fouet les conséquences de l’épidémie. Des pertes importantes de cheptel ont été signalées, affectant l’économie locale déjà fragilisée par la sécheresse. Le ministère de l’Élevage collabore avec celui de la Santé pour renforcer la vaccination animale et sensibiliser les populations rurales aux mesures d’hygiène à adopter.
Des équipes mixtes sillonnent les villages pour identifier les animaux malades et désinfecter les zones à risque. Le docteur Aminata Sow, vétérinaire à Richard-Toll, souligne : « La maîtrise de la fièvre de la Vallée du Rift passe avant tout par le contrôle de l’infection animale. Si nous parvenons à limiter la contamination dans les élevages, nous réduirons considérablement les cas humains ».
Une riposte sanitaire en cours
Le gouvernement a déployé un plan d’action d’urgence pour renforcer la surveillance épidémiologique, améliorer la prise en charge des malades et intensifier la communication communautaire. Des laboratoires régionaux ont été mobilisés pour accélérer le diagnostic, tandis que les hôpitaux de Saint-Louis et Matam ont reçu un appui logistique en matériel médical et en personnel. Les autorités appellent à une collaboration étroite entre les services de santé humaine et animale, dans une approche « One Health » qui reconnaît l’interdépendance entre la santé des hommes, des animaux et de l’environnement.
Cette stratégie s’avère cruciale dans un contexte où la majorité des cas humains découle d’une transmission animale. Si la FVR concentre l’attention, le Mpox n’est pas pour autant relégué au second plan. Depuis la détection du premier cas le 22 août 2025, le Sénégal compte 7 cas confirmés et 2 cas probables, tous situés dans la région de Dakar. Huit personnes sont désormais guéries, et aucun décès n’a été enregistré. Bien que la situation semble stable, la surveillance se poursuit avec 30 personnes contacts actuellement suivies par les autorités sanitaires.
Mpox : stabilité relative, mais vigilance maintenue
Les équipes de santé publique multiplient les campagnes d’information pour éviter toute stigmatisation et encourager la déclaration rapide des cas suspects. Le Dr Fatou Bâ, responsable de la surveillance des maladies infectieuses au ministère, rappelle : « Le Mpox reste sous contrôle, mais nous ne devons pas relâcher nos efforts. Les précédentes flambées dans d’autres pays africains ont montré que la maladie pouvait resurgir si la vigilance diminuait ».
Face à la montée des risques infectieux, le ministère de la Santé insiste sur l’importance des mesures préventives : éviter les contacts directs avec les animaux malades, se protéger des piqûres de moustiques, et consulter immédiatement en cas de fièvre ou de symptômes inhabituels. Les autorités locales, en partenariat avec les ONG et les relais communautaires, mènent des campagnes d’éducation sanitaire dans les marchés, les écoles et les radios communautaires.
Une épreuve pour le système de santé sénégalais
Leur objectif : freiner la désinformation et promouvoir des comportements protecteurs dans les zones à haut risque. Cette double alerte sanitaire met à l’épreuve la capacité du système de santé sénégalais à gérer simultanément plusieurs crises infectieuses. Malgré des ressources limitées, les autorités affirment que la situation reste sous contrôle grâce à la coordination entre les structures médicales, les collectivités locales et les partenaires internationaux.
Alors que la fièvre de la Vallée du Rift poursuit sa progression et que le Mpox demeure sous surveillance, le Sénégal tente de contenir ces menaces sanitaires sans céder à la panique. Une équation qui exige, selon le ministère, une seule stratégie : la vigilance, la transparence et la solidarité communautaire.





