
Au terme d’une longue nuit, l’Assemblée nationale béninoise a adopté, à l’aube du samedi 15 novembre 2025, une vaste révision constitutionnelle. Le texte instaure un Sénat et allonge les mandats du président de la République, des députés et des maires à sept ans.
Au Bénin, le projet de révision de la Constitution introduit par deux députés de la majorité parlementaire a été voté sans difficulté. Le pays se dote désormais d’un Sénat et augmente les mandats des élus de deux ans.
Un vote nocturne
Dans une plénière qui s’est étendue de la soirée du vendredi 14 au petit matin du samedi 15 novembre, les députés de la 9ᵉ législature ont procédé à la seconde révision majeure de la Constitution depuis celle de 2019.
Tout commence par le vote de la recevabilité du projet. À bulletin secret, 87 députés se prononcent pour, 22 contre, sans aucune abstention. Le président de l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou, propose alors de suspendre la séance pour reprendre l’examen, quant au fond du projet, le lundi 17 novembre. Face à l’opposition de plusieurs élus, les débats se poursuivent immédiatement. Quelques heures plus tard, le texte est adopté par 90 voix pour, 19 contre, atteignant ainsi la majorité des 4/5 requise. Au total, 15 nouveaux articles ont été créés et 18 autres modifiés, remodelant en profondeur l’architecture institutionnelle du pays.
La grande nouveauté : un Sénat pour « réguler la vie politique »
La révision consacre la naissance du Sénat, deuxième chambre du Parlement, jusque-là monocaméral. L’article 79 modifié stipule désormais que le pouvoir législatif s’exerce à travers deux chambres : l’Assemblée nationale et le Sénat. Selon l’article 113.1, cette nouvelle institution est chargée de « réguler la vie politique pour la sauvegarde et le renforcement de l’unité nationale, du développement de la Nation, de la défense du territoire, de la sécurité publique, de la démocratie et de la paix ».
D’après une source parlementaire citée à Porto-Novo, le Sénat est conçu comme un véritable « conseil de sages ». Il devrait compter entre 25 et 30 membres, mêlant personnalités désignées et membres de droit. Aucun sénateur ne pourra siéger au-delà de 85 ans. Le Sénat aura notamment la possibilité de demander, au même titre que le président de la République, une seconde lecture d’un texte voté par l’Assemblée nationale, exception faite de certaines, comme la loi de finances.
Mandats allongés : sept ans pour le Président, les députés et les maires
L’un des changements les plus importants concerne la durée des mandats électifs.
- Président de la République : l’article 42 modifié consacre le passage du quinquennat au septennat, renouvelable une seule fois. La limitation à deux mandats maximum dans une vie reste toutefois inchangée.
- Députés : leur mandat est désormais de sept ans, renouvelable. L’article 80 modifié précise qu’un député démissionnaire de son parti perd automatiquement son mandat.
- Maires et conseillers communaux : leurs mandats passent également à sept ans, renouvelables.
Ces dispositions entreront en vigueur dès les prochaines élections générales prévues en 2026, modifiant le calendrier politique à long terme. Avant cela, elles devront passer l’étape du contrôle de conformité à la Cour constitutionnelle et celle de la promulgation par le Président Patrice Talon.




