RDC : Les voyageurs devront payer 30 dollars de plus pour la sécurité aéroportuaire


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Avion avec train d'atterrissage sorti
Avion avec train d'atterrissage sorti

Les voyageurs internationaux au départ et à l’arrivée de la RDC devront désormais s’acquitter d’une nouvelle taxe de 30 dollars pour la sécurité aéroportuaire. Officiellement, cette redevance financera un système intelligent de contrôle aux frontières géré par l’américain Securiport. Mais son coût, ajouté au controversé Go Pass, provoque déjà la colère des passagers.

Les voyageurs au départ et à l’arrivée des vols internationaux en République démocratique du Congo (RDC) vont devoir mettre la main à la poche. Le gouvernement congolais vient d’annoncer l’instauration imminente d’une nouvelle redevance de sécurité aéroportuaire s’élevant à 30 dollars par passager. Officiellement, cette mesure vise à financer la mise en place d’un système intelligent et intégré de sécurité et d’immigration aux frontières. Cependant, l’addition de cette nouvelle taxe à une redevance déjà controversée fait grincer des dents l’opinion publique.

Un partenariat public-privé pour l’« intelligence » sécuritaire

Cette nouvelle redevance est le pilier d’un montage financier destiné à moderniser la sécurité aéroportuaire, portuaire et frontalière du pays. Elle s’inscrit dans le cadre d’un contrat de partenariat public-privé signé entre l’État congolais et la société américaine Securiport LLC, une entreprise qui a déjà opéré dans d’autres pays africains.

Selon le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité, de la Décentralisation et des Affaires coutumières, Jacquemain Shabani Lukoo, ce dispositif vise à renforcer la sécurité, lutter contre la fraude documentaire et prévenir les infiltrations criminelles. Les 30 dollars seront ajoutés directement au prix des billets d’avion internationaux, perçus par les compagnies aériennes, et serviront à financer le déploiement technologique et la maintenance du système de contrôle intelligent de Securiport.

85 % des recettes pour l’opérateur américain

L’accord de répartition des montants perçus entre le gouvernement congolais et l’opérateur privé soulève déjà des questions. Selon les documents consultés, 85 % des 30 dollars perçus reviendront à la société américaine Securiport LLC, tandis que l’État congolais ne conservera que 15 % de la redevance.

Ce montage financier, bien que présenté comme une modernisation, attire l’attention sur le partage des bénéfices d’une taxe directement supportée par le voyageur. Les autorités justifient cette répartition par la nécessité de financer l’installation et la maintenance technologique du système intelligent.

L’ombre persistante de l’ancienne redevance Go Pass

Le mécontentement de l’opinion publique s’explique en grande partie par l’existence d’une autre taxe aéroportuaire, le très décrié Go Pass. Mis en place en 2009, le Go Pass s’élève à 50 dollars (ou 55 dollars selon certaines sources) par passager sur les vols internationaux.
Théoriquement, le Go Pass devait financer la modernisation des infrastructures aéroportuaires.

Cependant, le flou entourant l’utilisation de ces fonds a fait l’objet de vives critiques et a même poussé le Parlement à demander une enquête. Avec l’ajout des 30 dollars de Securiport aux 50 dollars du Go Pass, le montant total des redevances par passager pour un vol international s’élève désormais à un total de 80 à 85 dollars. Cette somme supplémentaire pèse lourdement sur les coûts de transport, alimentant le débat sur la multiplication des taxes au détriment du pouvoir d’achat des voyageurs.

Maceo Ouitona
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Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
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