RDC : la violence s’enracine dans le Nord-Kivu


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Alors que les pourparlers entre le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et le gouvernement congolais sont bloqués à Nairobi (Kenya), la Mission des Nations unies en RDC (Monuc) signale, ce mardi, des exactions commises sur les populations civiles. Les rebelles du CNDP, incriminés, nient toute responsabilité et accusent les Hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FLRD). Au plan international, la Hollande envisagerait de suspendre son aide au Rwanda, après le rapport de l’Onu accusant ce pays de soutenir le CNDP.

La situation sécuritaire reste précaire dans l’est de la République démocratique du Congo. Ce mardi, la Mission des Nations-unies dans ce pays, la Monuc, a signalé des exactions contre des civils par les rebelles de Laurent Nkunda dans les zones sous leur contrôle. Selon son porte-parole militaire, Jean-Paul Dietrich, « il y a des kidnappés, des déplacements forcés de population par le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le prélèvement de taxes avec des barrages sur les routes et on utilise des civils pour réparer des routes ». M. Dietrich confirme « ce genre de violations sont commises par le CNDP. »

Faux, rétorque, de leur côté, les rebelles tutsis du CNDP. Pour eux, sont responsables de ces actes les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FLRD) et les milices Maï-Maï. Cette « coalition » a « réussi à s’introduire dans les entités sous contrôle de notre Mouvement », a indiqué le secrétaire exécutif du CNDP, Déogratias Nzabirinda. Le FLRD et les milices Maï-Maï chercheraient à provoquer « l’autorité du CNDP » et troubler « son action de pacification », dit-on dans le camp du CNDP.

Ces nouvelles accusations de la Monuc surviennent cinq jours après la publication d’un rapport des Nations-unies sur les différentes responsabilités du Rwanda et du gouvernement congolais dans le conflit dans l’est de la république. Selon le document de l’Onu, le CNDP reçoit un appui militaire et financier du Rwanda qui lui fournit aussi des enfants soldats. Kigali et la rébellion de Laurent Nkunda pilleraient les ressources minières du Nord-Kivu, ajoute le rapport.

Les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ne seraient pas seulement victimes. L’Onu les accuse de soutenir les groupes armés hutus notamment les rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FLRD). Selon le rapport des experts onusiens publié vendredi, les FARDC fournissent « des munitions » et mènent « des opérations conjointes » avec les FDLR contre le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda.

Le Rwanda rejette les accusations de l’Onu

De part et d’autres, les réactions à ce rapport n’ont pas tardé. Ce lundi, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FLRD) ont « catégoriquement » rejeté les accusations des Nations unies, les qualifiant d’« injustes, infondées et mensongères ». Ce mouvement rebelle affirme qu’il n’a « aucune forme de collaboration avec les FARDC » et demande au conseil de sécurité des Nations unies de « lever sans délai les sanctions injustes votées contre leur leadership ».

Kigali, pour sa part, a également dénoncé ce rapport onusien. Pour les autorités rwandaises, il est simplement « inexact ». «Ce rapport est une manœuvre calculée destinée à détourner les accusations visant le gouvernement de RDC et la communauté internationale, tous deux n’étant pas parvenus à résoudre le conflit dans l’est de la RDC malgré de multiples intiatives internationales, régionales et bilatérales ces 14 dernières années», disent-elles. Mais la communauté internationale, elle, semble se joindre aux accusations de l’Onu. Digital Congo rapporte ce mardi que les Pays-Bas, ont annoncé qu’ils vont suspendre leur aide financière au Rwanda. D’après Bert Koenders, le ministre néerlandais du Développement, cité par ce journal, Kigali « ne mérite pas l’appui budgétaire parce que maintenant il y a des preuves que ses soldats soutiennent les rebelles du CNDP en République démocratique du Congo. ».

Pendant ce temps à Nairobi, les pourparlers entre rebelles du CNDP et le gouvernement congolais sont dans l’impasse. Mais Radio Okapi indique qu’un deuxième round de négociations devrait démarrer ce mercredi dans la capitale kenyane. Un éditorialiste burkinabè, repris ce lundi Courrier International estime, lui, que « les négociations piétinent parce que le pouvoir congolais sait qu’il n’a pas affaire à son vrai adversaire. » Il négocierait avec un intermédiaire.

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