RD Congo : négociations tendues entre gouvernement et rébellion


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Les représentants de Kinshasa et du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP, rébellion), réunis à Nairobi (Kenya), peinent à s’accorder sur un cadre permettant de conduire des négociations de fond sur la crise dans le Nord-Kivu. Mercredi soir, à l’issue d’une troisième journée de pourparlers, l’ancien président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, le médiateur des Nations Unies, a dû suspendre les pourparlers. Il évoque des difficultés provenant du camp des rebelles. Ce jeudi, il a dû envoyer un émissaire auprès de Laurent Nkunda pour tenter de débloquer la situation.

Le succès espéré des négociations de Nairobi n’a pas eu lieu. Ou, en tout cas, pas encore. Mercredi soir, à la fin de la troisième journée de discussions entre les représentants des rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et ceux du gouvernement congolais aucun accord n’a été conclu. Les rebelles auraient même menacé de quitter les pourparlers. L’émissaire de l’ONU, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, qui pourtant était optimiste la veille attribue la responsabilité de ce blocage à la rébellion.

Deux principales difficultés qui, selon Obasanjo, doivent être réglées de façon urgente, ont fait obstacle à un consensus. La première : le CNDP exige toujours des discussions sur ce qu’il considère comme des problèmes à l’échelle de tout le pays et pas seulement sur le conflit en cours et la situation humanitaire dans l’est de la RDC.

Pour l’ancien président nigérian, cette revendication, quelle que soit sa légitimité, va au-delà du mandat que lui ont accordé les Nations Unies, la Région des Grands Lacs et l’Union africaine au sommet régional de Nairobi le 7 novembre.

La rébellion prise de court par la souplesse du gouvernement

Le deuxième problème, d’après le médiateur onusien, est lié au pouvoir « drastiquement limité » dont disposent les représentants de la rébellion de Laurent Nkunda. « Ils ont un mandat pour être ici, mais ils n’ont pas le pouvoir de prendre des décisions », a regretté Olusegun Obasanjo qui reproche à la rébellion de ne pas être très « claire » dans ses revendications. Pour débloquer la situation, Olusegun Obasanjo a dépêché dans le Nord-Kivu, son assistant, le kenyan Sam Buya, auprès de Laurent Nkunda lui-même, ce jeudi.

A Nairobi, Bertrand Bisimwa, le porte-parole du CNDP, pour sa part, se dit « surpris » par les propos de la facilitation. « Nous avons le plein mandat de négocier alors que la délégation gouvernementale, elle, n’en a pas », a-t-il confié à l’AFP, ajoutant, «on nous demande d’adapter nos revendications au mandat du médiateur et de les ramener sur des problèmes locaux qui ont comme causes principales des problèmes nationaux, ce qui est irréaliste ». Selon ce rebelle, nul ne peut refuser à son mouvement de poser les problèmes des Congolais.

Pourtant, la principale revendication du chef rebelle, Laurent Nkunda, était jusque-là, la tenue de négociations directes, de haut niveau, avec le gouvernement de Kinshasa sur la persécution des Tutsi congolais par les soldats gouvernementaux et les rebelles Hutu rwandais dans l’est de la RDC.

Un analyste interrogé par Radio Okapi à Nairobi, estime qu’« en réalité, le CNDP a été pris de court par la souplesse de la délégation du gouvernement qui a accepté d’engager le débat sans évoquer le cadre Amani [[Amani est un programme qui rassemble les groupes armés du Nord-Kivu. Il a été mis en place au lendemain de la signature de l’accord de paix de Goma, signé en janvier 2008. Il prévoit la sécurisation, la pacification, la stabilisation et la reconstruction du Nord et Sud-Kivu. Ce programme a été placé sous l’autorité du président de la République et a une durée d’exécution de six mois renouvelable.]] ».

En attendant, une éventuelle reprise des pourparlers, les délégations de la rébellion de Laurent Nkunda et du gouvernement congolais ont rencontré séparément Olusegun Obasanjo ce jeudi à Nairobi, la capitale kenyane.

Pendant ce temps, à Bruxelles, l’Union européenne a poursuivi sa discussion sur la demande onusienne d’un envoi de troupes européennes dans l’Est de la RDC. La Belgique, ancienne puissance coloniale, s’est dite prête à fournir entre 400 et 500 soldats.

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Photo: Radio Okapi

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