RD Congo : Laurent Nkunda veut forcer Kinshasa à négocier


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Le chef rebelle Tutsi congolais Laurent Nkunda a proposé dimanche de négocier directement avec Kinshasa. Mais Kinshasa refuse cette éventualité et veut négocier avec tous les groupes armés opérant dans le Kivu. L’Union européenne de son côté se dit favorable à un sommet régional africain sur la crise congolaise. Sur le terrain, la situation humanitaire continue de se détériorer.

Négocier ou partir. C’est l’ultimatum qu’à lancé Laurent Nkunda au pouvoir légitime de Kinshasa. Interrogé depuis son fief de Kichanga à l’est de la RDC, le chef rebelle a dit vouloir discuter directement avec le pouvoir congolais. «Nous voulons une négociation directe avec le gouvernement [de Kinshasa]. J’attends la réponse. C’est leur choix de refuser ces négociations avec nous. Mais nous allons les pousser à avoir ces négociations, sinon, les faire partir du pouvoir », a déclaré Laurent Nkunda.

Le pouvoir congolais refuse le tête à tête avec la rébellion de Laurent Nkunda

L’idée d’une solution politique au conflit n’offusque pas outre mesure le gouvernement congolais, qui peine à contenir les assauts des rebelles. Mercredi, les hommes de Laurent Nkunda sont arrivés aux portes de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, après avoir infligé une cuisante défaite à l’armée régulière, sous équipée et mal payée. Pas question pour autant, de négocier en tête à tête avec le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda. Kinshasa a opposé dimanche un net refus à la démarche du chef rebelle, et a dit sa préférence pour des négociations avec tous les groupes armées opérant dans le Kivu. « On préfère la solution politique. Mais on verra toutes les possibilités au cas où cette option n’apporte pas ses fruits. (…)Il n’y a pas de petits et de grands groupes armés. Le fait de créer un désastre humanitaire ne donne pas de droits spéciaux » réagi dimanche Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement. Kinshasa verrait ainsi d’un bon œil qu’on ressuscite le processus Amani (paix en Swahili), du nom de l’accord de paix conclu en janvier 2008 à Goma avec différents groupes armés dont celui de Laurent Nkunda aujourd’hui coupable de l’avoir enterré en reprenant les hostilités sept moins plus tard.

L’Union européenne favorable à une rencontre Kabila/Nkunda au cours d’un sommet régional

La communauté internationale se dit également favorable à une issue négociée à la crise congolaise, même si elle l’envisage sous un angle plus élargi. En visite ce week-end en RDC, au Rwanda et en Tanzanie, Bernard Kouchner, le ministre français des affaires étrangères, et son homologue britannique, David Miliband, ont suggéré l’organisation d’un sommet régional consacré à la crise, qui pourrait se tenir au Kenya cette semaine, en présence des présidents congolais Joseph Kabila et Rwandais Paul Kagamé.

Il y a en tout cas urgence. Sur le terrain, la situation humanitaire continue de se détériorer, en dépit du cessez-le-feu unilatéral décrété dimanche par Laurent Nkunda après sa victoire près de Goma. Des dizaines de milliers de congolais ont fui leurs domiciles, et on estime à plus d’un million et demi, les personnes prises en otage par le conflit, qui subissent au quotidien les exactions des factions armées. La protection offerte par l’Onu est très insuffisante, pour faire face à la situation. Il y a dix-sept mille hommes de la Mission des Nations Unies en RDC (Monuc). Mais seuls huit- cent cinquante d’entre eux se trouvent autour de Goma, l’épicentre du conflit. Dimanche, l’organisation humanitaire Oxfam a demandé à l’Union européenne (UE) d’envoyer un contingent de soldats appuyer ceux de la Monuc. Mais ce souhait partagé par la France qui préside l’UE pourrait bien ne pas être exhaussé. Les vingt sept Etats membres se sont en effet montrés fort réticents, lorsque la France a proposé l’envoi d’une force européenne en RDC. Dimanche, Ofxam a toutefois pu distribuer de l’eau potable aux habitants du nord de Goma. Lundi, un convoi humanitaire de l’Onu et d’organisations non gouvernementales a pu également parvenir sans encombre à Rushuru en zone rebelle à l’est de la RDC, où il doit distribuer des vivres.

Les ministres européens des affaires étrangères se réunissent ce lundi à Marseille. L’ONG Oxfam ne désespère pas qu’ils se mettent d’accord sur l’envoi de soldats européens en RDC.

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