RDC : Joseph Kony sème la terreur dans l’est du pays


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Joseph Kony, le leader de l’Armée de résistance du seigneur (LRA), a établi sa base dans le nord-est de la République Démocratique du Congo (RDC) où il assassine, viole, vole, enlève les enfants et incendie les villages. L’armée régulière congolaise et la Mission des Nations unies en RDC (Monuc ) peinent à se saisir du chef rebelle. Ce dernier est poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

C’est une épine dans le pied du gouvernement congolais qui sous-traite un problème ougandais. Depuis plusieurs semaines, l’Armée de résistance du seigneur (LRA), la guérilla messianique conduite par l’insaisissable Joseph Kony et opposée au régime ougandais, a choisi le nord-est de la RDC comme base de repli, d’où elle déclenche des raids particulièrement meurtriers. Des morts qui se comptent par centaines, des viols, pillages et incendies des villages sont devenus le lot quotidien des populations de cette partie de la RDC. Ces deux dernières semaines le gourou Joseph Kony et ses hommes se sont montrés particulièrement actifs. Partant du parc de la Garamba leur repaire proche de la frontière méridionale du Soudan, ils ont lancés plusieurs séries d’attaques contre Duru, Kiliwa et Nimba, trois villages de la région de Dungu (Nord-est de la RDC) où selon l’Unicef, ils ont enlevé une centaine d’enfants et d’adolescents, après avoir tué plusieurs civils dont un chef de village et deux missionnaires italiens.

Joseph Kony, insaisissable

La dispersion de l’armée congolaise, déjà engagé dans un conflit majeur contre les rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), profite au chef de la LRA. Joseph Kabila, le président congolais, a déployé quelques divisions de son armée pour repousser Joseph Kony et ses hommes chez eux en Ouganda. La Mission de l’Onu au Congo (Monuc) de son côté leur assure un soutien logistique et aérien. Insuffisant pour déloger la LRA.

Joseph Kony se sait d’ailleurs en position de force. Il a ainsi fait savoir qu’il ne déposera pas les armes, comme le lui demandait avec insistance Kampala, engagé avec lui dans un processus de paix. L’accord de paix, qui aurait dû être scellé le 10 avril dernier n’a finalement pas été signé. Le chef rebelle, craignant pour sa sécurité, a refusé de se rendre dans la capitale ougandaise.

La justice internationale impuissante

Depuis 2005, il est recherché par la justice internationale. La Cour pénale internationale (CPI) basée à La Haye avait en effet lancé des mandats d’arrêt contre lui et trois de ses commandants pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Mais l’homme court toujours, ses lieutenants aussi. Il exige désormais pour revenir à la table des négociations, que les poursuites diligentées contre lui soient abandonnées.

Pour les populations civiles, la note de ce laisser-aller est salée. Plus d’un millier de personnes ont dû se résoudre à fuir la région, les plus téméraires manifestent violemment leur colère. Jeudi dernier, au lendemain d’une nouvelle incursion de la LRA, des centaines de personnes sont descendus dans les rues de Dungu. Bilan : deux casques bleus de la Monuc blessés et des équipements de la mission onusienne détruits.

Une juste révolte qui a visiblement provoqué une meilleure prise en considération de leur situation. La Monuc s’est engagée à protéger plus activement les populations civiles livrées aux criminels de la LRA. Ce vendredi, une mission de la MONUC devait se rendre dans la zone sinistrée de Dungu. Objectif, évaluer la situation sur le terrain, et étudier les moyens de protection les plus appropriés.

Une organisation terroriste qui résiste depuis plus de 20 ans

La LRA est une excroissance du Holy Spirit Movement (HSM), une milice armée, née dans les années 80, après la prise de pouvoir à Kampala, de Yoweri Museveni. Pétrie de vaudou et de christianisme apocalyptique Alice Auma, sa génitrice et guide spirituelle, originaire du nord musulman est alors en lutte contre ce qu’elle considère comme le mal absolu, l’armée du nouveau président, constituée majoritairement de sudistes christianisés au moment de la colonisation britannique.

En 1987, le HSM est définitivement défait par l’armée régulière, et Alice Auma placée en résidence surveillée au Kenya. Mais ce n’est que partie remise, puisque son neveu Joseph Kony, moins illuminé mais plus charismatique, prend la relève et fonde la LRA. Même objectif, défendre les nordistes contre les sudistes.

Son mouvement figure en bonne place sur la liste américaine des organisations terroristes. La semaine dernière, l’Assemblée de la province Orientale (Nord-Est de la RDC) a demandé à la communauté internationale de mettre à exécution le mandat d’arrêt lancé contre lui.

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