
Kinshasa et Kigali s’engagent à appliquer, dès le 1er octobre, les mesures sécuritaires négociées à Washington sous médiation internationale. Retrait progressif des troupes, neutralisation des groupes armés et désescalade figurent au cœur de l’accord. Mais la méfiance entre les deux pays et le rôle du M23 rappellent combien la paix dans les Grands Lacs reste fragile et sous haute surveillance.
La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont annoncé un tournant dans leurs relations tendues en décidant de commencer à appliquer, dès le 1er octobre, les mesures de sécurité convenues dans le cadre d’un accord négocié à Washington sous l’égide des États-Unis. Cet engagement, confirmé dans un communiqué conjoint, ouvre une perspective de désescalade dans une région meurtrie par des décennies de conflits.
Un accord sous médiation internationale
Les discussions, menées à Washington avec la participation des États-Unis, du Qatar, du Togo et de la Commission de l’Union africaine, ont permis d’établir un calendrier clair. L’objectif est de mettre en œuvre l’ensemble des mesures de sécurité d’ici la fin de l’année. L’accord prévoit notamment la levée des dispositifs défensifs du Rwanda dans un délai de 90 jours et la fin des opérations militaires congolaises contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
Selon les informations disponibles, les opérations liées au retrait progressif des soldats rwandais déployés en RDC devraient commencer entre le 21 et le 31 octobre. Ce processus constitue l’un des volets les plus sensibles de l’accord, en raison de la méfiance persistante entre Kinshasa et Kigali. Le président congolais Félix Tshisekedi a rappelé à la tribune des Nations unies que le retrait complet des troupes rwandaises et l’arrêt du soutien présumé de Kigali au M23 restaient des conditions « non-négociables » pour parvenir à une paix durable.
Le rôle des groupes armés au cœur des tensions
L’avenir du mouvement rebelle M23, accusé par Kinshasa d’être soutenu par Kigali, demeure un point de friction majeur. Si le Rwanda nie tout appui à ce groupe, cette question a ralenti les discussions lors des dernières rencontres au département d’État américain. La neutralisation du M23 et d’autres groupes armés, ainsi que le désengagement progressif des forces, figurent parmi les priorités de la coordination sécuritaire mise en place.
La mise en œuvre de ces mesures représente une étape importante vers la stabilisation de la région des Grands Lacs. Néanmoins, la réussite de ce processus dépendra du respect strict des engagements pris par les deux pays et du suivi de la communauté internationale. Après trois décennies de violences ayant coûté la vie à des centaines de milliers de personnes et provoqué d’innombrables déplacements, la paix demeure un objectif fragile mais vital.
Pour Washington et ses partenaires, cette dynamique vise également à créer un climat propice aux investissements dans une région riche en minerais stratégiques, dont le cobalt, le cuivre et le lithium, essentiels à l’économie mondiale.