RDC, drame à Fizi : 62 morts et des centaines de maisons détruites par des inondations meurtrières


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Inondations

Un nouveau drame frappe l’est de la République démocratique du Congo. Le village de Kasaba, dans le territoire de Fizi (province du Sud-Kivu), a été violemment touché par des inondations survenues dans la nuit du 8 au 9 mai 2025. Le bilan est particulièrement lourd tant au plan humain qu’au point de vue matériel.

Selon un bilan officiel communiqué par le gouvernement provincial, 62 personnes ont perdu la vie, une trentaine d’autres ont été blessées, tandis qu’un nombre indéterminé demeure porté disparu. Les recherches se poursuivent dans un contexte particulièrement difficile. Le débordement soudain de la rivière Kasaba, alimentée par des pluies diluviennes persistantes et la montée des eaux du lac Tanganyika, a provoqué des destructions massives. Plus de 150 habitations ont été emportées, laissant des centaines de familles sans abri. Parmi les blessés, de nombreuses femmes et enfants.

« C’est avec douleur que je pleure ma population du village Kasaba, groupement de Basikalangwa, secteur de Ngandja, dont plusieurs personnes ont perdu la vie et des centaines de maisons ont été englouties », a déclaré Bernard Akili, chef du secteur de Ngandja.

Des secours entravés par l’enclavement de la zone

L’accès à la zone sinistrée est fortement perturbé. Le mauvais état des routes et l’enclavement du village ralentissent considérablement les efforts de secours et d’assistance. Les survivants, traumatisés, manquent cruellement de tout : abris, vivres, eau potable et soins médicaux.

Le gouvernement provincial, dans un communiqué signé par son porte-parole, a exprimé sa profonde inquiétude face aux conséquences sociales et économiques de cette catastrophe naturelle. Il évoque des pertes importantes de biens matériels, la destruction de cultures vivrières essentielles à la subsistance des populations, ainsi que la perturbation des activités scolaires. Un appel pressant à l’aide humanitaire a été lancé par le gouverneur du Sud-Kivu. Il exhorte les organisations nationales et internationales à intervenir en urgence pour venir en aide aux sinistrés.

Une tragédie récurrente dans une région vulnérable

Cette catastrophe survient seulement quelques mois après celle de Kakone, un village voisin, également touché par des inondations dévastatrices. Ces drames successifs illustrent la vulnérabilité croissante des populations riveraines du lac Tanganyika face aux aléas climatiques extrêmes. Des experts environnementaux tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs années. Ils pointent du doigt les effets conjugués du changement climatique, du déboisement massif des collines environnantes, et de l’absence de véritables infrastructures d’aménagement des berges et des zones inondables.

« Les épisodes climatiques extrêmes sont appelés à se multiplier dans cette région, tant que des mesures d’adaptation et de prévention ne sont pas mises en place », souligne un hydrologue basé à Bukavu.

Une urgence humanitaire et écologique

Alors que les opérations de secours s’organisent lentement, le besoin d’une réponse structurée s’impose. À court terme, il s’agit de secourir les survivants et de leur fournir une assistance d’urgence. Mais à moyen et long terme, les autorités congolaises, appuyées par leurs partenaires internationaux, devront renforcer les capacités locales de résilience face aux catastrophes climatiques, notamment à travers la reforestation, la planification urbaine, la protection des bassins versants et l’amélioration des systèmes d’alerte précoce.

Face à la douleur des familles endeuillées et à la détresse des survivants, la tragédie de Kasaba doit aussi servir d’électrochoc pour des actions durables. Car si les pluies ne peuvent être évitées, leurs conséquences, elles, peuvent l’être.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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