
Le tribunal militaire de garnison de Kalemie a ouvert, ce vendredi 19 décembre, un procès hors norme lié à la chute d’Uvira dans l’est de la RDC. Plus de 120 militaires et policiers sont poursuivis pour avoir quitté leurs positions face à l’avancée des rebelles de l’AFC/M23. Accusés d’abandon de poste et de désobéissance en situation de combat, ils comparaissent dans un contexte sécuritaire particulièrement dégradé.
À travers cette procédure, la justice militaire entend réaffirmer l’autorité de la chaîne de commandement au sein des forces de défense congolaises.
Une fuite par les eaux vers le Tanganyika
Le décor de cette audience foraine est le Camp Marin de Kalemie, dans la province du Tanganyika. C’est ici que la justice militaire tente de reconstituer les faits qui ont conduit 121 à 124 hommes en uniforme à quitter précipitamment le Sud-Kivu. Alors que la pression de la rébellion s’intensifiait sur la ville stratégique d’Uvira, ces éléments auraient choisi la voie lacustre pour s’échapper. Par bateau, ils ont parcouru plus de 360 kilomètres pour atteindre Kalemie, où la majorité d’entre eux a été interpellée dès son accostage. Pendant que certains de leurs frères d’armes tentaient de se réorganiser sous commandement vers l’axe Fizi-Baraka, ces prévenus sont accusés d’avoir rompu les rangs sans aucune instruction hiérarchique.
L’identification laborieuse des prévenus
Le premier jour du procès a été marqué par une procédure d’identification complexe. Sur l’ensemble des prévenus, comprenant environ 68 militaires et 56 policiers, seule une moitié a pu être formellement identifiée par le tribunal ce vendredi. Le président de la juridiction, le lieutenant-colonel Désiré Dionda Mukole, a dû prolonger cette étape importante pour s’assurer de la présence et de l’état civil de chaque homme impliqué.
Une justice pour l’exemple et la discipline
Les charges retenues contre ces hommes restent lourdes. Il s’agit d’« abandon de poste » et de « désobéissance aux consignes en situation de combat ». Selon le code pénal militaire congolais, ces infractions exposent leurs auteurs à la peine de mort. Cette sanction est toutefois traditionnellement commuée en réclusion à perpétuité. Au-delà des responsabilités individuelles, le ministère public et la présidence du tribunal assument la portée pédagogique de ce procès. Pour le lieutenant-colonel Désiré Dionda Mukole, l’objectif consiste avant tout à « ramener sur le rail » des éléments ayant manqué à leur serment. Dans un contexte de forte pression sécuritaire, l’armée congolaise souhaite envoyer un message précis. Face à l’avancée de l’AFC/M23, le respect de la chaîne de commandement ne souffre aucune exception, même sous le feu de l’ennemi.




