Razack Omotoyossi : l’ancien buteur des Écureuils du Bénin s’éteint brutalement à Lagos


Lecture 4 min.
Razack Omotoyossi
Razack Omotoyossi

Le football béninois est frappé par un deuil inattendu. Razack Omotoyossi, l’un des attaquants les plus emblématiques de l’histoire de la sélection nationale, est décédé dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 août 2025 à Lagos, au Nigeria. Il avait 39 ans.

La nouvelle s’est répandue dans la matinée de ce mardi. L’ex-attaquant des Écureuils – ancien nom de l’équipe nationale de football du Bénin – s’en est allé, laissant un grand vide dans le cœur des fans du sport roi au Bénin.

Une disparition soudaine et tragique

Installé depuis plusieurs mois dans la capitale économique nigériane, Razack Omotoyossi menait une vie discrète, loin des projecteurs qui avaient illuminé sa carrière. Selon les premiers témoignages recueillis auprès de ses proches, il ne souffrait pas d’une maladie particulière. Mais l’ancien international béninois traversait une période extrêmement difficile sur le plan personnel.

Deux drames récents semblent avoir profondément affecté son moral : la perte brutale de sa sœur, survenue il y a deux semaines, et l’incendie de sa maison début juillet 2025. Cet accident domestique, qui avait réduit en cendres son logement, avait été rendu public à travers une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux. On y voyait Omotoyossi, visiblement abattu, présenter les ruines de son domicile et demander une aide d’urgence.

« Il paraissait fort physiquement, comme toujours, mais on sentait qu’il était très éprouvé moralement », confie un ancien coéquipier sous couvert d’anonymat.

Un buteur d’exception

Né le 8 octobre 1985 à Niamey, au Niger, de parents béninois, Razack Omotoyossi avait très tôt embrassé la carrière de footballeur. Sa trajectoire fut rapide et marquée par une détermination rare. Son explosivité, son sens du but et sa capacité à se battre sur chaque ballon en faisaient un attaquant redouté.

Il avait inscrit 21 buts en 47 sélections, un record qui le place parmi les meilleurs buteurs de l’histoire des Écureuils du Bénin, désormais rebaptisés Guépards. Son premier grand fait d’armes sur la scène internationale reste sa participation à la Coupe du monde junior 2005 en Australie, où il avait marqué le tout premier but du Bénin dans une phase finale de Coupe du monde, toutes catégories confondues. Cet exploit symbolique avait fait de lui un pionnier, ouvrant une nouvelle page pour le football béninois.

Razack Omotoyossi a également disputé deux Coupes d’Afrique des Nations, en 2008 au Ghana et en 2010 en Angola, restant un élément incontournable du dispositif offensif des Écureuils.

Une carrière exercée à l’étranger

Comme beaucoup de joueurs béninois de sa génération, Omotoyossi a bâti l’essentiel de sa carrière à l’étranger. Après des débuts remarqués au Nigeria, il avait poursuivi son aventure en Europe, évoluant notamment en Suède, en Norvège, en Turquie, mais également sur le continent asiatique, notamment en Arabie Saoudite.

Son passage au club suédois Helsingborgs IF, aux côtés du légendaire Henrik Larsson, avait particulièrement marqué les esprits. Ses buts et sa combativité avaient rapidement conquis les supporters. En Turquie, il avait porté les couleurs de Sivasspor, participant au formidable parcours de ce club modeste sur la scène nationale.

Bien qu’il n’ait jamais signé dans un « grand d’Europe », Omotoyossi a incarné le visage d’un footballeur africain tenace, voyageur et respecté.

Une onde de choc au Bénin

La nouvelle de sa disparition a provoqué une vive émotion au sein du monde sportif béninois. La Fédération béninoise de football (FBF) s’est dite « profondément attristée par la perte d’un joueur qui a écrit quelques-unes des plus belles pages de l’histoire des Écureuils ».

Sur les réseaux sociaux, de nombreux supporters et anciens coéquipiers lui ont rendu hommage. « Omotoyossi, c’était le symbole du combattant. Même quand tout semblait perdu, il n’abandonnait jamais », a écrit un fan de l’équipe nationale. Des personnalités politiques ont également salué sa mémoire, rappelant qu’il avait « porté haut les couleurs du Bénin sur les terrains du monde entier ».

Un héritage durable

Au-delà de ses statistiques et de ses exploits, Razack Omotoyossi laisse le souvenir d’un attaquant qui a fait vibrer tout un peuple. Son nom restera associé à une génération de joueurs qui ont contribué à donner une visibilité nouvelle au football béninois, sur un continent où la concurrence est rude.

Son décès brutal rappelle aussi la nécessité pour les États et les fédérations sportives d’apporter un soutien durable à leurs anciens athlètes, afin que ceux qui ont tant donné pour leur pays ne sombrent pas dans l’oubli ou la précarité. Razack Omotoyossi s’en est allé trop tôt. Mais dans les mémoires béninoises, il restera l’image d’un homme combatif, d’un buteur redoutable et d’un patriote qui n’a jamais cessé d’aimer son pays.

Avatar photo
Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
Facebook Linkedin
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News