
Les propos de Donald Trump contre la Somalie ont marqué un nouveau sommet dans une longue série de dérapages verbaux visant les pays africains. En qualifiant la Somalie de « pays pourri » et en promettant de « suspendre définitivement l’immigration en provenance de tous les pays du tiers-monde », le Président américain renoue avec une rhétorique incendiaire, déjà dénoncée par la communauté internationale.
Cette attaque fait suite à un scandale local dans le Minnesota, que Trump exploite pour généraliser des accusations contre l’ensemble des migrants somaliens. « Je n’en veux pas dans notre pays », a-t-il affirmé, s’autorisant des amalgames dangereux qui rappellent les heures les plus sombres du discours politique américain.
Cibles récurrentes : élus, minorités, nations entières
Trump ne se contente pas de viser des nations : il s’en prend aussi aux Américains d’origine somalienne et à leurs représentants politiques. L’élue démocrate Ilhan Omar, régulièrement ciblée, a encore été insultée publiquement. Ces attaques personnelles, souvent teintées de déshumanisation, posent une question importante : quelle place le Président souhaite-t-il accorder à des millions d’Américains issus de l’immigration africaine ?
Cette stratégie politique, qui joue sur les peurs identitaires, s’inscrit dans une instrumentalisation assumée du thème migratoire. Elle alimente une vision du monde où les pays africains sont décrits comme des « déchets » menaçant la stabilité américaine, une rhétorique dangereuse et historiquement chargée. Le mépris affiché par Trump ne se limite pas à la Somalie. Le Lesotho en a fait les frais lorsqu’il a été faussement accusé par le président américain de recevoir « huit millions de dollars pour promouvoir les LGBT+ ».
Le cas du Lesotho : une ignorance aux conséquences diplomatiques graves
Une déclaration erronée, immédiatement démentie par le gouvernement lésothien et les ONG locales. Au-delà de l’insulte diplomatique, ces propos risquent d’avoir des effets très concrets : le Lesotho dépend massivement de l’aide américaine pour financer les traitements de plus de 200 000 personnes vivant avec le VIH. Les coupes budgétaires que justifie Trump par ces affirmations fausses pourraient mettre en péril des vies humaines.
Ces déclarations s’inscrivent dans la continuité de celles de 2018, où Trump avait désigné plusieurs nations africaines comme des « pays de merde ». L’ONU, l’Union africaine et de nombreux gouvernements avaient alors dénoncé des propos « racistes » et « honteux ». Loin d’être un accident, ces sorties révèlent une conception du monde où les pays africains sont systématiquement dévalorisés et caricaturés.
Quand la diplomatie américaine se heurte à ses propres intérêts
Cette attitude ne se limite pas aux mots : elle influence des décisions politiques majeures, comme les interdictions d’entrée visant les ressortissants de 19 pays, dont la Somalie, ou les restrictions de visas évoquées récemment par son administration. L’ironie est frappante : alors que Trump dénigre les pays africains, plusieurs entreprises américaines, y compris celles soutenues par Elon Musk, cherchent à s’implanter dans ces mêmes régions. Le contraste entre le mépris diplomatique et les ambitions économiques est flagrant, voire embarrassant.
Le Lesotho, par exemple, tente de moderniser ses infrastructures grâce à de nouveaux partenariats technologiques. Comment justifier, dans ce contexte, une politique de mépris public contre un pays où les États-Unis possèdent une ambassade active et des projets stratégiques ? Les propos de Trump fragilisent des relations déjà sensibles entre les États-Unis et le continent africain. Ils alimentent un ressentiment réel : plusieurs États africains, dont le Lesotho, ont annoncé des protestations officielles.
Un message dangereux pour les relations entre les États-Unis et l’Afrique
La répétition de ces provocations pourrait faire basculer durablement les alliances, au moment même où d’autres puissances, Chine, Russie, Turquie, renforcent leur influence sur le continent. Dans un monde multipolaire, le mépris n’est plus seulement un scandale : il devient une erreur stratégique. Au-delà des outrances, ces propos traduisent une doctrine politique cohérente : celle d’un monde divisé entre nations « désirables » et « indésirables », entre populations « assimilables » et « rejetables ». Cette vision oppose frontalement l’idée même de coopération internationale.
Alors que la Somalie tente de reconstruire un État effondré et que le Lesotho lutte contre une crise sanitaire d’envergure, l’Afrique aurait besoin de partenariats fondés sur le respect et la vérité, non sur le mépris et la désinformation. Si Donald Trump persiste dans cette trajectoire, ce n’est pas seulement l’Afrique qui en paiera les conséquences, mais la crédibilité internationale des États-Unis.





