
La Haute Cour militaire de la République démocratique du Congo (RDC) a ordonné ce vendredi la réouverture des débats dans le procès historique visant l’ancien président Joseph Kabila Kabange.
L’audience, initialement prévue pour aboutir à un verdict, a été suspendue à la suite d’une requête de la partie civile, représentée par l’État congolais, qui a demandé à introduire de nouveaux éléments et à revoir à la hausse ses demandes d’indemnisation. L’affaire est désormais renvoyée au 19 septembre.
Une demande de dernière minute de la partie civile
À l’ouverture de l’audience, les avocats de la République ont surpris en déposant une requête visant à reprendre les débats. Ils souhaitent notamment faire entendre trois nouveaux témoins censés démontrer l’implication de Joseph Kabila dans le financement de l’Alliance des forces du changement (AFC/M23), soutenue par le Rwanda. « Ces témoins viendront retracer devant la Haute Cour les personnalités et les comptes bancaires par lesquels transitent les financements de l’AFC/M23/RDF par le prévenu Kabila, ainsi que la réalité du fait qu’un étranger a dirigé ce pays pendant 18 ans », a affirmé Me Richard Bondo, avocat de la partie civile.
Les avocats de l’État congolais ont également demandé la requalification de certaines charges, de « trahison » à « espionnage », estimant que la question de la nationalité de l’ancien Président est désormais posée. Enfin, ils ont sollicité une augmentation du montant des dommages et intérêts réclamés, de 24 à 30 milliards de dollars.
Un procès boudé par le camp Kabila
Le procès, ouvert le 25 juillet dernier, se déroule sans Joseph Kabila, jugé par contumace. L’ancien chef de l’État, au pouvoir de 2001 à 2019, est poursuivi pour des faits d’une gravité exceptionnelle : trahison, complot, participation à un mouvement insurrectionnel, apologie du terrorisme et crimes contre l’humanité en lien avec sa supposée complicité avec le M23. En RDC, ces charges sont passibles de la peine de mort.
L’ancien Président n’est pas représenté par des avocats, ce qui alimente les critiques de ses partisans qui dénoncent un procès « politique » plus qu’une démarche judiciaire. Le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), formation politique de Joseph Kabila, dénonce une « mise en scène » orchestrée par le pouvoir en place. « L’objectif est d’écarter un acteur politique majeur de l’opposition congolaise, au lieu d’adopter une démarche en faveur de la paix et de la cohésion nationale », a déclaré Ramazani Shadary, secrétaire permanent du parti. Le PPRD qualifie ce procès de « bidon » et accuse le président Félix Tshisekedi de vouloir neutraliser un adversaire encore influent sur la scène politique.