
Le procès de l’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila Kabange, connaît un nouveau rebondissement. Lors de la plaidoirie des parties civiles, jeudi 21 août, la nationalité même de l’ex-chef d’État a été remise en cause. Une accusation grave qui alimente la polémique et suscite de vives réactions dans le camp kabiliste.
Le procès de l’ancien Président de la RDC, Joseph Kabila Kabange, s’est transformé en une bataille politique et identitaire aux conséquences potentiellement explosives. Devant la Haute Cour militaire, les avocats des parties civiles ont soutenu jeudi que l’ancien chef d’État, jugé par contumace pour trahison et collusion présumée avec les rebelles du M23/AFC, ne serait pas congolais mais rwandais, et ont plaidé pour une requalification des charges en « espionnage ».
L’identité de Kabila remise en cause
Devant la Haute Cour militaire, les avocats des parties civiles ont soutenu que l’ancien Président congolais ne serait pas congolais, mais rwandais, portant à l’origine le nom d’Hyppolite Kanambe. Ils affirment qu’il aurait été adopté par Laurent-Désiré Kabila, son père officiel et ancien chef de l’État assassiné en 2001.
Selon eux, cette révélation change la nature même des charges. Puisque l’infraction de trahison ne peut concerner qu’un citoyen congolais, ils demandent que Joseph Kabila soit plutôt poursuivi pour « espionnage », un crime imputable à un étranger agissant contre la République. Cette contestation de l’identité de l’ancien Président, qui a dirigé la RDC de 2001 à 2019, a immédiatement suscité une vague d’indignation dans son camp politique.
Une riposte indignée de ses proches
Ces accusations ont immédiatement provoqué la colère de l’entourage de Joseph Kabila. Néhémie Mwilanya, ancien directeur de cabinet et proche fidèle, a dénoncé sur X une manipulation politique dangereuse :
« Manipuler l’identité d’un ancien chef d’État, fils d’un héros national, dont la mère biologique et les membres de la fratrie sont vivants, juste à des fins politiciennes, est un crime d’État », a-t-il écrit, en avertissant que « les plaies ouvertes aujourd’hui seront difficiles à panser demain ».
De son côté, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), formation politique fondée par Kabila, parle d’une « mise en scène » orchestrée par le pouvoir actuel. Son secrétaire permanent, Emmanuel Ramazani Shadary, estime que l’objectif est clair : « écarter un acteur politique majeur de l’opposition congolaise au lieu de rechercher la paix et la cohésion nationale ».
Des réparations faramineuses réclamées
Outre la question de l’identité, les parties civiles exigent de lourdes réparations pour les préjudices causés, selon elles, par le soutien de Kabila aux rebelles du M23/AFC et à l’armée rwandaise. Elles évaluent les dommages à plusieurs dizaines de milliards de dollars : environ 21,7 milliards USD réclamés par les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ; près de 25 milliards USD demandés par les avocats du gouvernement ; la saisie des avoirs bancaires de l’ancien Président.
Ces sommes colossales sont justifiées par la liste des violences et destructions imputées aux rebelles : pertes humaines, pillages de ressources naturelles, destructions d’infrastructures, perte de recettes fiscales et déplacements massifs de populations.
Un procès aux lourds enjeux politiques
Ouvert en juillet, le procès se tient en l’absence de l’accusé, jugé par contumace. Joseph Kabila est poursuivi pour trahison, complot, participation à un mouvement insurrectionnel et apologie du terrorisme. Ses soutiens ont toujours dénoncé une procédure « instrumentalisée » par le pouvoir de Félix Tshisekedi pour fragiliser un rival politique toujours influent.
Au-delà des aspects judiciaires, la remise en cause de l’identité de Joseph Kabila – Président pendant dix-huit ans et fils de Laurent-Désiré Kabila – touche un symbole fort de l’histoire récente du pays. Pour nombre d’observateurs, le risque est grand que ce procès exacerbe les tensions politiques et communautaires dans une RDC encore marquée par les conflits armés à l’Est.
Le procureur général de l’armée doit présenter son réquisitoire ce vendredi. Le verdict, très attendu, risque d’être lourd de conséquences, non seulement pour Joseph Kabila, mais aussi pour l’avenir politique et la cohésion nationale de la RDC.