
La Cour africaine des droits de l’homme a rejeté les recours de Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, tous deux exclus de la présidentielle ivoirienne de 2025. En invalidant leurs requêtes, la juridiction continentale inflige un nouveau revers aux anciens dirigeants, alors que le climat politique se crispe à l’approche du scrutin.
La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples a tranché. Les recours déposés par deux figures majeures de la politique ivoirienne, Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, ont été rejetés ce jeudi 26 juin. Tous deux espéraient contester les décisions de justice les ayant exclus de la course à la présidentielle de 2025. Mais la juridiction continentale a estimé que leurs requêtes étaient infondées ou irrecevables. Une nouvelle claque juridique pour les deux anciens dirigeants, à quelques mois d’un scrutin décisif pour l’avenir de la Côte d’Ivoire.
Gbagbo débouté, faute de preuves
L’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, contestait sa radiation des listes électorales, estimant que ses droits civiques avaient été bafoués. Mais la Cour africaine a jugé qu’il n’avait pas apporté la preuve suffisante de ses allégations. Elle a donc conclu que la Côte d’Ivoire n’avait pas violé son droit à participer à la vie politique ni exercé un traitement inégalitaire à son encontre. Une décision qui conforte la condamnation par contumace à 20 ans de prison dont il fait l’objet, malgré son acquittement par la Cour pénale internationale.
Soro écarté pour vice de procédure
Guillaume Soro, ex-Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale, aujourd’hui en exil, dénonçait quant à lui des poursuites politiques et la détention arbitraire de certains de ses proches. Mais la Cour a rejeté sa requête, la jugeant irrecevable. Elle a estimé qu’il n’avait pas épuisé les recours internes disponibles avant de saisir la juridiction panafricaine. Un revers judiciaire de plus pour celui qui avait déjà été condamné à 20 ans de prison en 2020, puis à la perpétuité un an plus tard pour atteinte à la sûreté de l’État.
Une Cour africaine ignorée par Abidjan
Bien que la CADHP ait rendu ces décisions, leur portée reste symbolique. Depuis avril 2020, la Côte d’Ivoire a officiellement retiré sa déclaration de compétence à l’égard de la Cour africaine, estimant que ses décisions portaient atteinte à sa souveraineté. En conséquence, Abidjan ne reconnaît plus ses arrêts comme contraignants. Une situation qui rend toute tentative de recours juridique à l’échelle continentale quasi inopérante pour les opposants radiés.
À quatre mois du scrutin prévu le 25 octobre, la liste des exclus de la présidentielle s’allonge. Outre Gbagbo et Soro, deux autres figures de l’opposition, Tidjane Thiam et Charles Blé Goudé, sont également écartées pour des motifs judiciaires ou administratifs. Alors que la campagne s’annonce tendue, les appels au dialogue se multiplient, comme celui lancé par Blé Goudé sur France 24. Mais pour l’heure, le processus électoral semble verrouillé, et les anciens leaders écartés du jeu.