Niger-Bénin : des voyageurs bloqués entre Cotonou et Niamey


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Frontières Niger Bénin
Frontières Niger - Bénin

Depuis la détérioration des relations entre le Niger et le Bénin, des centaines de voyageurs sont pris au piège entre Cotonou et Niamey. À la gare de Rimbo comme au fleuve Niger, le verrouillage des frontières prive les passagers de leur liberté de circulation et accentue les tensions diplomatiques entre les deux pays.

La frontière entre le Bénin et le Niger, jadis artère fluide pour les échanges commerciaux et humains en Afrique de l’Ouest, s’est muée en une ligne de fracture. Depuis la détérioration des relations diplomatiques entre Cotonou et Niamey, les autorités béninoises ont décidé de verrouiller l’accès fluvial du fleuve Niger. Une décision qui vient durcir une situation déjà tendue, le Niger ayant de son côté maintenu la fermeture de sa frontière terrestre malgré la levée des sanctions de la CEDEAO. Résultat : des centaines de voyageurs se retrouvent pris au piège de cette querelle diplomatique.

Cotonou : une gare routière figée dans l’attente

À la gare de Rimbo, à Cotonou, l’ambiance est lourde. Là où régnait autrefois l’animation des départs pour Niamey, le silence s’est installé. Des bus à l’arrêt, des employés désemparés et des passagers au bord des larmes. La compagnie Rimbo, qui assurait la liaison entre les deux capitales, a suspendu tous ses trajets à destination du Niger. Selon nos sources, certains voyageurs, comme Issa Hamadou, 68 ans, contraint de reporter un déplacement médical, voient leur quotidien bouleversé. « Je partais me soigner et me reposer, mais on me dit que les voyages ne passent plus », confie-t-il, le regard chargé d’émotion.

Les voyageurs qui espéraient contourner le blocage terrestre en remontant vers le nord du Bénin pour traverser le fleuve Niger en bateau doivent, eux aussi, rebrousser chemin. Les autorités béninoises, qui avaient jusqu’alors toléré ces traversées informelles, ont décidé de mettre fin à toute circulation, qu’il s’agisse de personnes ou de marchandises. Seul le pont terrestre de Malanville reste ouvert côté béninois, mais son accès est fermé du côté nigérien, empêchant tout passage.

Le bras de fer diplomatique au détriment des populations

Cette impasse frontalière est le reflet d’un conflit politique plus profond. Depuis le coup d’État de juillet 2023 ayant évincé le président nigérien Mohamed Bazoum, les relations entre le Bénin et le régime militaire de Niamey se sont détériorées. Bien que la CEDEAO ait levé ses sanctions en février 2025, le Niger maintient sa fermeture frontalière. En réponse, le Bénin choisit désormais la fermeté, espérant faire plier son voisin. Mais sur le terrain, ce sont les citoyens ordinaires qui en paient le prix.

À la gare STM, au quartier Zongo de Cotonou, les témoignages pleins de colère et de tristesse se multiplient. « C’est très douloureux à vivre ce que les gouvernements du Bénin et du Niger nous font. Qu’ils s’entendent pour arrêter notre souffrance », s’indigne un voyageur nigérien. Sabirath Ella, esthéticienne ivoirienne venue se rendre au Niger, se voit elle aussi contrainte d’annuler son trajet. Pour ces femmes et ces hommes, pris au piège de décisions politiques qui les dépassent, l’urgence d’un dialogue entre les deux pays est vitale.

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