
Du 9 au 13 juillet 2025, Paris a accueilli la 50e session de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF), un événement historique qui a réuni plus de 500 participants venus de l’ensemble de l’espace francophone. Entre ambitions diplomatiques, gestes symboliques de réconciliation et adoption de résolutions majeures, cette session marque une évolution notable dans le positionnement de l’APF sur la scène internationale.
L’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF) tenait sa 50e session du mercredi 9 au dimanche 13 juillet 2025 à Paris. Ce rendez-vous a été conjointement organisé par le parlement français : Assemblée nationale et Sénat, une session historique qui attendait plus de « 60 sections, 500 participants dont des parlementaires, des présidents de parlement, fonctionnaires experts et observateurs venus de l’ensemble de l’espace francophone ».
Depuis sa création en 1967, l’APF constitue un espace politique de dialogue et de coopération entre les parlements francophones. Elle a pour mission de promouvoir la démocratie, l’État de droit, les droits humains, l’éducation, le développement durable et la langue française. Si plusieurs objectifs ont été définis clairement lors de la validation du cadre stratégique adopté à Tbilissi en Géorgie par l’APF : participer à l’élaboration de normes législatives communes, rendre la Francophonie plus attractive pour les jeunes générations, renforcer les fondamentaux de l’APF (soutien à la diversité linguistique, à l’enseignement du français et aux industries culturelles francophones etc.) ou encore la modernisation de sa propre gouvernance, c’est le renforcement de la diplomatie parlementaire qui semble être au cœur des préoccupations de ses responsables actuels.
Un événement historique au cœur de la diplomatie parlementaire
Les parlementaires semblent en effet convaincus qu’ils ont un rôle légitime en diplomatie, voire qu’ils constituent intrinsèquement par leur réseau un canal diplomatique prometteur, susceptible de faciliter le dialogue et la résolution de conflits. Ainsi Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale française lors de son allocution d’ouverture, a clairement souligné qu’à une époque à laquelle les Nations Unies voyaient leur action entravée et que le multilatéralisme constituait une voie incontournable, la « Francophonie pouvait devenir une ancre de paix ». Il y a là, a martelé la présidente, une « fenêtre d’opportunités pour l’APF » légitime car les parlementaires sont directement porteurs de la voix des peuples francophones.
Amélia Lakrafi a rappelé les grands axes de l’action de l’institution : les « bons offices » dans les situations de crise politique, la question des « élargissements pour tisser de nouveaux liens avec des pays qui frappent à la porte de la Francophonie » et les « approfondissements, pour renforcer les relations avec les sections et porter haut la voix de l’APF dans les grands forums internationaux ». En guise d’illustration, la déléguée générale a énuméré pour 2024 et 2025 quelques missions marquantes notamment auprès du Conseil national de transition en Guinée, à l’occasion de l’investiture présidentielle en Mauritanie, des missions de suivi de la transition au Gabon et tout dernièrement, une mission de bons offices en RDC et au Rwanda. Elle a également fait partie de missions d’élargissement en Thaïlande et en Irlande.
Des résolutions ambitieuses et un élargissement confirmé
In fine, après des jours de travail, ce sont plus d’une dizaine de résolutions qui ont été adoptées lors de la 50e session de l’APF dans la capitale française. Elles concernent plusieurs champs dont la protection des océans dans l’espace francophone, la protection des lanceurs d’alerte, le rôle des médias publics dans la désinformation, l’inclusion scolaire des enfants ayant des problèmes particuliers, la restitution des biens culturels spoliés durant la colonisation (dossier dans lequel l’APF a toujours joué un rôle moteur de premier plan), l’interruption volontaire de grossesse, etc. La résolution relative aux « Grands Lacs, fruit de la mission de bons offices menée dernièrement à Kinshasa et celle relative à la candidature de l’APF comme observateur au sein des Nations Unies marquant un désir de l’organisation de s’affirmer davantage comme un acteur au service du multilatéralisme ».
On soulignera que lors de sa venue comme invitée à la 50e session dans l’hémicycle, la Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, a accordé son plein soutien à cette démarche et plaidé pour un renforcement des synergies entre les deux organisations. Parallèlement, le mouvement d’élargissement est clairement engagé comme l’illustre l’admission en 2025 de quatre nouveaux adhérents : le Parlement de Sao Tomé-et-Principe, le parlement du Ghana, le Landtag de Sarre (République fédérale d’Allemagne) et l’Assemblée parlementaire de la commission de l’océan Indien (AP-COI) et ceci après que l’Assemblée législative de Pondichéry (Inde), l’Assemblée nationale d’Angola et la Chambre des représentants de Chypre ont fait leur entrée en 2024 à Montréal.
Avec ces accomplissements et cette ambition, le ministre français chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux Thani Mohamed-Soilihi, a déclaré « la Francophonie a un rôle essentiel à jouer dans le monde d’aujourd’hui » et le message semble déjà commencer à porter.