À Nouakchott, Pedro Sánchez défend une immigration « utile et humaine »


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Pedro Sanchez
Pedro Sanchez, président du gouvernement espagnol

En visite à Nouakchott, Pedro Sánchez a défendu une vision humaniste et pragmatique de l’immigration, saluant l’apport des migrants à l’économie espagnole. Dans un contexte de coopération renforcée entre l’Espagne et la Mauritanie, le Premier ministre espagnol plaide pour une migration circulaire, sûre et mutuellement bénéfique.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a surpris par un discours résolument positif sur l’immigration. Face à son homologue mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, le chef du gouvernement espagnol a salué la contribution essentielle des immigrés à la prospérité économique de l’Espagne. Loin des discours alarmistes sur la migration, Sánchez a plaidé pour un modèle coopératif basé sur la régularité, la sécurité et la réciprocité des échanges humains.

Cette déclaration s’inscrit dans un contexte de coopération bilatérale renforcée entre Nouakchott et Madrid, amorcée il y a un an, notamment autour du concept de « migration circulaire« , une approche qui permet à des travailleurs africains qualifiés de venir temporairement en Espagne, avant de retourner dans leur pays d’origine enrichis de compétences et de revenus.

L’immigration comme moteur de développement

« Les progrès et la bonne situation économique de l’Espagne doivent beaucoup à l’apport de l’immigration« , a déclaré Pedro Sánchez, insistant sur la nécessité de rompre avec une vision punitive ou purement sécuritaire de la migration. Il a souligné que de nombreuses personnes venues d’Afrique « ont développé leur projet de vie » en Espagne, contribuant au tissu économique et social du pays.

En évoquant l’Espagne comme un ancien pays d’émigration devenu aujourd’hui une terre d’accueil, Sánchez a également tendu un miroir aux réalités historiques que partagent de nombreux États méditerranéens. Son message : l’immigration, bien encadrée, est une richesse à valoriser, non une menace à contenir.

Un partenariat stratégique entre Mauritanie et Espagne

La Mauritanie, qui joue un rôle de pivot dans les routes migratoires entre l’Afrique et l’Europe, est un partenaire clé de Madrid. La visite de Pedro Sánchez a permis de signer quatre accords de coopération dans des domaines aussi variés que la cybersécurité, la sécurité sociale, les transports et la protection des parcs nationaux. Autant de chantiers qui témoignent d’un partenariat élargi bien au-delà de la seule gestion migratoire.

Le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani a salué l’ »engagement du gouvernement espagnol à défendre les causes justes et à promouvoir la paix et la sécurité », tout en rappelant l’importance de la coopération régionale face aux défis partagés que sont la sécurité, le développement durable et les flux migratoires.

L’ombre des tragédies en mer

Si le ton était résolument optimiste, la réalité migratoire reste marquée par des drames récurrents. En 2024, selon l’ONG Caminando Fronteras, plus de 10 000 migrants ont perdu la vie en mer en tentant de rallier les îles Canaries, souvent à bord d’embarcations précaires. Une tragédie humaine qui explique la volonté partagée de l’Espagne et de la Mauritanie de structurer les mouvements migratoires de manière « sûre, régulière et ordonnée ».

Face à ces chiffres, le ralentissement des arrivées sur les côtes espagnoles début 2025, en baisse de 34 %, est vu comme un signe encourageant. Il reflète peut-être les premiers résultats concrets de la coopération engagée depuis un an entre Nouakchott et Madrid.

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