
Le général Abdourahamane Tiani a ravivé les tensions entre le Niger et le Bénin en annonçant, samedi soir, le maintien de la fermeture de la frontière entre les deux pays.
Dans un entretien fleuve accordé à la télévision nationale nigérienne, le chef du régime militaire a multiplié les accusations contre son voisin du sud, qui, pour lui, serait en complicité avec les forces françaises et les groupes terroristes.
Une fermeture durable basée sur des accusations sans preuves
La déclaration du président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) a sonné comme un couperet : « la frontière avec le Bénin restera fermée ». Cette fermeture, en place depuis le coup d’État du 26 juillet 2023 à Niamey, semblait jusqu’ici pouvoir évoluer vers un assouplissement, notamment après les ouvertures diplomatiques timides d’août 2024. Mais l’entretien du 31 mai 2025 vient clore cette perspective. « Ce n’est pas contre le Bénin que nous menons ce combat, mais contre les troupes françaises de déstabilisation présentes sur son territoire », a martelé Tiani, tout en soulignant que le Niger n’avait « rien contre le Bénin » en tant que tel.
Au cœur de la crise : l’accusation persistante que le Bénin abriterait des bases militaires françaises et servirait de point d’appui pour des opérations clandestines contre le Niger. Tiani affirme que des terroristes s’entraîneraient sur le sol béninois avec la complicité de Paris, ce que Cotonou et l’Élysée ont toujours catégoriquement nié.
Le dirigeant nigérien soutient que la France financerait des groupes armés à partir de cellules opérationnelles actives dans la région, impliquant des noms comme Jean-Marie Bockel et Christophe Guilhou, dans un vaste complot contre la Confédération des États du Sahel.
L’AES en ordre de bataille
Face à ce qu’il qualifie de guerre indirecte menée par l’Occident, Abdourahame Tiani assure que l’AES, regroupant le Niger, le Mali et le Burkina Faso, renforce ses capacités militaires. Il affirme que trois opérations conjointes ont été menées entre janvier et février 2025, notamment en réaction aux attaques récentes à l’ouest du Niger et à l’est du Burkina Faso.
De l’avis de Tiani, la Confédération sahélienne est un projet à abattre pour les puissances étrangères, qui souhaiteraient éviter la diffusion du modèle politique post-coup d’État de Niamey, Ouagadougou et Bamako.
Dans un contexte régional miné par l’instabilité sécuritaire, la désinformation et les rivalités géopolitiques, la position inflexible de Niamey fait craindre un enlisement durable du conflit avec Cotonou. La rhétorique accusatrice de Tiani, sans éléments de preuve rendus publics, nourrit la méfiance et polarise davantage la région. Côté béninois, il n’y a pas encore eu de réaction officielle à la suite de cette nouvelle sortie du dirigeant nigérien.
Pendant ce temps, les populations surtout les transporteurs des deux pays continuent de subir les conséquences d’une fermeture qui semble, à ce jour, relever plus d’une stratégie d’isolement politique que d’une réponse sécuritaire efficace.