N’Diale, l’alchimie réussie de la Bretagne et du Mali


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Le quartet de musique bretonne de Jacky Molard et le trio malien de Foune Diarra mêlent les deux musiques traditionnelles pour donner naissance au septuor N’Diale. Le groupe né à Bamako, actuellement en tournée en France, a su mêler deux univers pour créer un son nouveau. Rencontre du groupe franco-africain au festival de musiques du monde les Escales à Saint-Nazaire, samedi dernier.

Une gigue bretonne accompagnée d’un chant bambara, un rond de Saint-Vincent joué par un instrument traditionnel mandingue. Ces perles étranges viennent de la fusion du quartet breton Jacky Molard et du trio de la chanteuse et danseuse malienne, Foune Diarra. Les deux univers traditionnels se fondent pour donner N’Diale, joie en bambara. Le septuor, composé d’un violon, d’une contrebasse, d’un accordéon diatonique, d’un saxophone, de chant bambara, de djembé et de kamele n’goni – harpe-luth d’Afrique de l’Ouest : l’instrument de 6 à 12 cordes est constitué d’une demi-calebasse recouverte d’une peau dans laquelle passe un bâton rond – est né il y a un an à Bamako, la capitale du Mali.

En avril 2009, les deux formations jouent ensemble pendant 10 jours, puis le trio malien vient en France en mai pour faire des concerts. Six mois plus tard, en décembre, le septuor enregistre N’Diale sous le label de Jacky Molard, Innacor. Les deux ambiances sont identifiables mais créent un véritable nouveau son « bretonno-malien » qui semble aller de soi. Le violoniste Jacky Molard, qui a déjà opéré avec succès le mariage de sa culture avec les airs celtiques et balkaniques, raconte l’histoire de sa rencontre avec la musique africaine.

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Afrik.com : Comment est né votre septuor, N’Diale ?

Jacky Molard : Notre quartet breton, très soudé, a cinq ans d’existence. Après de nombreux concerts, nous avions envie de confronter notre esthétique musicale avec la musique traditionnelle africaine. Nous voulions du chant, de la percussion et un kamele n’goni. Nous avons été bien orientés dans le choix des musiciens par le directeur d’Africolor, Philippe Conrath. A notre arrivée à Bamako, nous avons confronté nos deux répertoires et avons très vite trouvé comment chaque musique pouvait s’insérer dans l’autre.

Afrik.com : Qui compose ?

Jacky Molard : Foune compose ses textes. Nous, on écoute et à partir de là j’essaye de composer quelque chose qui rentre dans ses mots et dans ses rythmes. Parfois aussi nous proposons nos airs. Nous n’avons pas l’habitude des mêmes modes, des mêmes rythmes, ni même parfois la même façon de définir le « premier temps », mais le secret, c’est que chacun est à l’écoute des autres.

Afrik.com : Quel est le secret de votre étrange alchimie ?

Jacky Molard : Musique malienne et bretonne partagent une même culture de la transe par la danse. Dans les deux traditions, les morceaux prennent le temps de s’installer. Le mode pentatonique africain peut se retrouver dans la musique bretonne. Par contre, chez nous, le rythme fait partie intégrante de la musique, quand au Mali, le rythme vient des percussions.

Afrik.com : Quel sont vos projets ?

Jacky Molard : Nous souhaitons aller plus loin avec cette formule, notamment jouer en Afrique, et y sortir l’album. Nous souhaitons que les Africains connaissent eux aussi ce mélange unique. Le percussionniste Alhassane nous disait par exemple que ses amis sont très surpris d’apprendre qu’il existe de la musique traditionnelle en France, ils sont pressés de la découvrir.

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