
Le souverain marocain, Mohammed VI, a lancé une initiative politique d’envergure en ouvrant un vaste processus de concertation sur le futur du Sahara. Cette démarche, qui marque une nouvelle phase dans la consolidation de la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud, vise à réactualiser le plan d’autonomie proposé par le royaume en 2007 et à en redéfinir les contours en concertation avec toutes les forces vives du pays.
Une réunion stratégique autour du souverain
Ce 10 novembre, le Palais royal à Rabat a abrité une réunion de haut niveau rassemblant les principaux conseillers du roi (Taieb Fassi Fihri, Omar Azziman et Fouad Ali El Himma) aux côtés des chefs des partis politiques, ainsi que des ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères. Selon le communiqué officiel, l’objectif de cette rencontre était d’amorcer une réflexion collective sur la mise à jour du plan d’autonomie, aujourd’hui considéré par la majorité de la communauté internationale comme la base la plus sérieuse et crédible pour résoudre le différend autour du Sahara.
Cette initiative royale intervient quelques jours après l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 2797, qui réaffirme la nécessité d’une solution politique durable et salue les efforts continus du Maroc. Depuis son accession au trône, Mohammed VI a fait de la question du Sahara l’un des piliers de la politique étrangère et de l’unité nationale. En lançant cette concertation, le Roi souhaite associer toutes les composantes du pays, institutions, acteurs politiques, société civile et représentants des provinces du Sud, à l’élaboration d’une feuille de route renouvelée.
Un processus participatif au cœur de la démarche royale
L’objectif est d’adapter le plan d’autonomie aux réalités géopolitiques et aux attentes des populations locales. Les partis politiques ont été invités à présenter leurs suggestions et à formuler des propositions concrètes. Les responsables politiques présents ont unanimement salué cette initiative, y voyant la reconnaissance du rôle des forces nationales dans la définition des grandes orientations du pays. Ce dialogue ouvert illustre la volonté du souverain d’instaurer un modèle de gouvernance fondé sur la concertation, la transparence et la participation.
Depuis sa présentation en 2007, le plan d’autonomie constitue l’axe central de la stratégie marocaine pour régler le dossier du Sahara. Il prévoit de conférer aux habitants des provinces du Sud une large autonomie administrative, économique et culturelle, tout en maintenant la souveraineté du Royaume. Ce dispositif permettrait aux Sahraouis d’administrer eux-mêmes leurs affaires internes à travers des institutions élues, tout en restant intégrés dans l’ensemble national.
Une dynamique nationale et internationale en faveur du Maroc
La mise à jour envisagée vise à renforcer ce modèle en tenant compte des transformations économiques et sociales que connaît la région. Les grands chantiers d’infrastructure, les investissements dans les ports de Dakhla et Laâyoune, ainsi que le développement d’industries locales, démontrent la volonté du Maroc de faire du Sahara un levier de croissance et un trait d’union avec le reste du continent africain. Le contexte diplomatique actuel apparaît particulièrement favorable à la position marocaine.
Plusieurs pays, dont les États-Unis, l’Espagne, Israël et de nombreuses nations africaines, ont publiquement exprimé leur soutien à la proposition d’autonomie. L’ouverture de plus de trente consulats à Dakhla et Laâyoune illustre ce mouvement de reconnaissance internationale de la souveraineté marocaine sur le territoire. À l’intérieur du pays, cette concertation nationale vise également à renforcer la cohésion interne et la légitimité démocratique du processus décisionnel. Les forces politiques, les représentants régionaux et la société civile sont ainsi invités à contribuer à une vision commune du Sahara marocain à l’horizon 2030, fondée sur le développement, la stabilité et la participation citoyenne.
Le Front Polisario entre refus et résistance
Toutefois, cette dynamique ne fait pas consensus. Du côté du Front Polisario, la dernière résolution du Conseil de sécurité est perçue comme un désaveu. Bien qu’elle réaffirme l’importance d’une solution politique mutuellement acceptable, elle cite explicitement le plan d’autonomie marocain comme base sérieuse de négociation, ce que le mouvement indépendantiste interprète comme une marginalisation de son droit à l’autodétermination.
Depuis les camps de Tindouf, le « chef du gouvernement » du Front, Buchraya Hamudi Beyoun, a réaffirmé la détermination du mouvement à poursuivre la résistance. Interrogé par la chaîne espagnole RTVE, il a déclaré que les Sahraouis n’accepteraient une solution que si elle est validée par leur peuple : « Entre être Marocains ou résister, nous résisterons », a-t-il affirmé, marquant la persistance de la position du Front malgré le tournant diplomatique.
Les équilibres géopolitiques autour du dossier
Le vote au Conseil de sécurité a également mis en évidence de nouvelles lignes de fracture. L’Algérie, soutien historique du Front Polisario, n’a pas pris part au vote, un geste interprété comme une forme de désapprobation du texte. De leur côté, la Russie et la Chine se sont abstenues, exprimant leur réserve face à ce qu’elles considèrent comme une orientation trop favorable au Maroc et alignée sur les positions occidentales.
Le Front Polisario estime que cette absence de consensus prouve la fragilité du processus onusien. Il déplore que le référendum d’autodétermination, longtemps présenté comme la solution centrale, soit désormais relégué au second plan. Pour le mouvement sahraoui, la seule voie légitime demeure celle d’un vote libre permettant au peuple du Sahara occidental de choisir son avenir.





