Mo Harawe et Sammy Baloji triomphent au FCAT 2025 : quand le cinéma africain dialogue entre deux continents


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Tarifa Tanger 2025
Tarifa Tanger 2025

La 22ᵉ édition du Festival du Cinéma Africain de Tarifa-Tanger (FCAT) s’est achevée dans l’émotion et la reconnaissance artistique, consacrant des œuvres qui interrogent avec finesse les enjeux contemporains du continent africain et de ses diasporas. Cette édition exceptionnelle a mis en lumière la richesse et la diversité d’un cinéma africain en pleine renaissance, confirmant le rôle unique de ce festival transfrontalier comme passerelle culturelle entre l’Europe et l’Afrique.

Mo Harawe et The Village Next to Paradise : un triomphe mérité

Le grand triomphe de cette édition revient sans conteste au réalisateur austro-somalien Mo Harawe, dont le long-métrage The Village Next to Paradise décroche non seulement le Prix du meilleur film mais aussi le Prix ACERCA de la Coopération espagnole. Cette double reconnaissance souligne la qualité exceptionnelle d’une œuvre qui explore avec subtilité les questions d’identité et d’appartenance.

L’actrice Anab Ahmed Ibrahim a également été distinguée pour son interprétation bouleversante dans ce même film, apportant une dimension humaine profonde à ce récit somalien. Sa performance, saluée par la critique et le public, témoigne de l’émergence de nouveaux talents féminins dans le cinéma africain contemporain.

Sammy Baloji : l’excellence congolaise à l’honneur

Le Prix de la meilleure réalisation Casa África a couronné le cinéaste congolais Sammy Baloji pour L’Arbre de l’authenticité, une œuvre qui poursuit sa réflexion artistique sur l’héritage post-colonial et les mémoires enfouies du continent. Cette reconnaissance confirme le parcours remarquable d’un créateur qui navigue avec brio entre musique, arts visuels et cinéma, offrant un regard unique sur l’histoire contemporaine de la République démocratique du Congo.

Le palmarès complet de cette 22ᵉ édition témoigne de la richesse des cinématographies africaines contemporaines. Ayoud Gretaa s’est distingué dans la catégorie interprétation masculine pour son rôle dans La mer au loin, tandis que le public a plébiscité Soudan, souviens-toi de la Franco-tuniso-marocaine Hind Meddeb, qui remporte le Prix TV5 Monde.

Dans la section courts métrages, le jury andalou a couronné Le père, des cinéastes mauritaniens Sidi Mohamed Tolba et Tayib Tolba, tout en accordant une mention spéciale au poétique Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude de Faouzi Bensaïdi, confirmant la vitalité de la création cinématographique courte sur le continent.

Le FCAT LAB : laboratoire d’innovation pour l’avenir du cinéma africain

En parallèle de la compétition officielle, le FCAT LAB a de nouveau joué son rôle crucial d’incubateur pour les projets émergents. Memory of Princess Mumbi (Kenya) de Damien Hauser a décroché le Prix du meilleur projet 2025, tandis que Broken Drums (Bénin) de Marcelin Bossou s’est imposé avec le Prix Tres Gatos.

Cette dimension professionnelle du festival se renforce d’année en année, avec des projets comme Uhlanjululo (Afrique du Sud) de Zamo Mkhwanazi et Pülö: Bloodstream of the Kirike (Nigeria) de Christina Ifubaraboye, distingués par les partenaires LaserFilms, Sudu Connexion, Traductions Bienza et Tomahawk DCS. Ces reconnaissances confirment l’ambition industrielle du festival et son rôle dans l’accompagnement des talents émergents.

Vingt-deux années d’histoire : l’évolution d’une vision

Né en 2004 sous la forme d’une modeste « Muestra de Cine Africano de Tarifa », le FCAT est l’initiative visionnaire de l’ONG andalouse Al Tarab, désireuse d’offrir un regard africain authentique, débarrassé des stéréotypes, à un public hispanophone en quête de diversité culturelle.

L’évolution du festival témoigne d’une ambition croissante : festival compétitif dès 2007, exportation temporaire à Cordoue entre 2012 et 2015, puis retour définitif à Tarifa en 2016 avec une extension stratégique à Tanger. Cette implantation transfrontalière fait du FCAT, Porté par une équipe majoritairement féminine et résolument multilingue, le premier grand festival cinématographique reliant concrètement l’Espagne et le Maroc.

Au fil des éditions, le festival n’a cessé d’élargir son spectre d’action : sections thématiques spécialisées, rencontres professionnelles « Africa Produce », ateliers pédagogiques pour enfants, et désormais un véritable hub de coproduction qui attire producteurs européens et africains dans une dynamique collaborative fructueuse.

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