Meurtre de Brahim Deby : l’entourage soupçonné


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Pour les avocats de la famille, le meurtre de Brahim Deby, fils du président tchadien, n’était pas prémédité. Tout selon eux laisse à penser qu’il s’agit d’une tentative de vol qui aurait dégénéré. Une attaque qui aurait été rendue possible par des complicités de l’entourage de la victime.

Moins de 3 semaines après le meurtre de son fils en banlieue parisienne, le président tchadien sera jeudi en visite officielle à Paris. Si le Darfour demeure le plat de résistance de cette réunion de travail avec Nicolas Sarkozy, il est certain que les deux hommes évoqueront cette dramatique affaire. L’enquête, confiée à la brigade criminelle de Paris, n’a pas encore permis de révéler l’identité des meurtriers de Brahim Déby. Une information judicaire a été ouverte par le Parquet de Paris pour assassinat.

Pour la partie civile, il est vraisemblable que les auteurs soient liés aux fréquentations nocturnes de la victime. Maître Joseph Cohen Sabban, avocat de la famille Deby, refuse cependant tout rapprochement avec la condamnation en 2006 du fils du président pour détention de stupéfiants et port d’arme prohibé. « Il est ridicule de vouloir chercher la cause de son décès dans le passé. Il y a un an, c’est une dispute dans une boite de nuit qui a provoqué la perquisition chez Brahim Deby. La drogue retrouvée chez lui était destinée à sa consommation personnelle. Il ne s’agissait en aucun cas d’un trafic. »

Pas de lien avec le passé

Des démêlés avec la Justice qui n’étaient pas du goût d’Idriss Deby. Démis de ses fonctions officielles de conseiller, Brahim avait été invité par son père à éviter les sorties parisiennes. Des recommandations sans effet sur le jeune homme. Drogue, filles, le fils du président menait grand train lors de ses séjours réguliers dans la capitale française. Le soir de son assassinat, il avait ainsi dépensé entre 3 000 et 4000 € dans un club et un restaurant africain en compagnie de proches et de jeunes femmes qui lui avaient été présentées. L’autopsie du défunt a aussi révélé que Brahim Deby était un consommateur régulier de cocaïne. Une vie mondaine qu’il finançait grâce à ses activités d’homme d’affaires, indique Maître Max Ahouéké, avocat de la famille Deby.

C’est en rentrant chez lui en charmante compagnie le 2 juillet que le fils du président a été victime vers 6 heures du matin d’un guet-apens. Les éléments portés au dossier permettent maintenant de mieux comprendre la chronologie des faits. Quatre ou cinq hommes puissamment armés, cagoulés, portant des brassards de policiers l’auraient attendu dans son parking, avant de se jeter sur lui. Une course poursuite filmée par les caméras de surveillance de l’immeuble. Brahim Deby a d’abord reçu un tir de Taser (arme qui envoie une très forte décharge électrique). Le fils du président et la jeune femme ont alors été séparés, avant que cette dernière ne soit relâchée. Pour une raison encore inconnue, les assaillants ont ensuite aspergé leur proie à l’aide d’un extincteur présent sur les lieux. C’est cette dernière agression qui a causé la mort par asphyxie. Enfin, muni de la clef de l’appartement, au moins un homme serait monté au 7ème étage pour fouiller les lieux.

Un appartement méticuleusement fouillé

Beaucoup de questions restent cependant en suspend. Brahim avait confié à ses amis qu’il pensait être suivi par les Renseignements généraux. Réalité ou paranoïa ? D’autres part, ses proches ont révélé qu’il avait reçu quelques heures avant sa mort un appel qui l’aurait déstabilisé. De quoi s’agissait-il ? Les intentions des assaillants sont également sujettes à toutes les interprétations. Venaient-ils pour l’argent que le fils Deby pouvait détenir ? Pour de la drogue cachée dans son logement ? D’autres éléments peuvent-ils expliquer ce coup de force ? Pour les avocats de la famille, ce crime est manifestement crapuleux.

« Il s’agit selon moi d’un saucissonnage qui aurait mal tourné, explique Me Cohen Sabban. Les auteurs de l’attaque étaient visiblement déterminés, mais je ne pense pas qu’ils étaient venus pour tuer. Tout ce qu’on peut dire c’est que l’appartement a été minutieusement inspecté. Ils ont démonté le tour de la baignoire, exploré la tuyauterie. Nous allons d’ailleurs suggérer que les faits soient requalifiés en vol en bande organisé ayant entraîné la mort. » Pour Me Cohen Sabban, toute autre motivation semble pour le moment exclue. « L’absence de revendication me fait penser qu’il n’y a pas dans cette affaire de dimension politique. »

Des complicités de proches

S’il est peu probable à priori que la jeune femme présente dans le parking à ses côtés soit impliquée, d’autres complicités pourraient expliquer la précision du traquenard tendu à Brahim Déby, arrivé à Paris seulement dix jours avant. Par ailleurs, des voisins ont indiqué aux inspecteurs que des policiers se seraient rendus à son appartement quelques semaines avant les faits, en son absence. Les enquêteurs n’ont jusqu’à présent pas retrouvé de traces de cette intervention dans les différents registres de police. Qui étaient-ils réellement ?

L’absence d’interpellation n’inquiète pas pour le moment les avocats de la famille Deby. « Les investigations suivent leurs cours. Cela peut prendre 6 mois, mais nous avons confiance. Ce que nous souhaitons c’est que les premières arrestations soient les bonnes », indique Jospeh Cohen Sabban. Nul doute en effet que tous les moyens seront mis en œuvre pour trouver les coupables. Le président Sarkozy devrait s’en porter garant.

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Photo : le président tchadien Idriss Deby

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