
Cinq ans après avoir quitté le pouvoir, Peter Mutharika signe un retour spectaculaire à la tête du Malawi. Le Président sortant, Lazarus Chakwera, a reconnu sa défaite et félicité son rival, scellant ainsi l’une des transitions politiques les plus inattendues de la région.
Rebelote au Malawi. Cinq ans après la victoire de l’opposant Lazarus Chakwera sur le Président sortant, Peter Mutharika a rendu à son successeur la monnaie de sa pièce.
Une victoire écrasante
Selon les chiffres provisoires, Peter Mutharika, ancien chef de l’État (2014-2020), a obtenu environ 66 % des suffrages, contre moins d’un tiers pour Lazarus Chakwera. L’écart est tel que ce dernier a jugé inutile d’attendre les résultats définitifs : « Peter Mutharika dispose déjà d’une avance insurmontable », a-t-il admis lors d’une allocution télévisée. Un aveu d’autant plus marquant que Chakwera dénonçait encore, la veille, de supposées irrégularités.
Cette victoire, qui inverse le verdict des urnes de 2020, marque une revanche politique pour Mutharika. Battu après l’annulation du scrutin controversé de 2019, il s’était retrouvé écarté du pouvoir au profit de Chakwera, porté alors par une vague d’espoir réformatrice.
Le poids de la crise économique
Mais cinq ans plus tard, le contexte joue en faveur du vétéran politique. Sous le mandat de Lazarus Chakwera, le Malawi a traversé une crise économique sévère : inflation au-dessus de 30 %, pénuries de devises, flambée des prix du maïs et des engrais, chômage endémique et pauvreté persistante touchant plus de 70 % de la population. Ces difficultés ont pesé lourdement dans les urnes, accentuées par les critiques contre la gestion jugée hésitante et entachée de soupçons de corruption.
Lazarus Chakwera, pasteur évangélique de 70 ans, arrivé au pouvoir en 2020 avec près de 59 % des voix, n’a pas réussi à transformer l’élan populaire en résultats concrets. Le désenchantement des électeurs a ouvert la voie au retour triomphal de son rival.
Une transition apaisée
Malgré les tensions de la campagne, le Président sortant a tenu à montrer l’exemple en reconnaissant sa défaite et en promettant un transfert pacifique du pouvoir. « J’appelle à un examen complet et transparent des irrégularités relevées, mais je respecte la volonté du peuple », a-t-il affirmé.
Peter Mutharika, désormais en position de force, devra affronter rapidement les défis économiques et sociaux qui ont fragilisé le pays. Son retour au pouvoir est accueilli par ses partisans comme une seconde chance. Mais pour une population lassée des promesses non tenues, la question demeure : cette revanche politique pourra-t-elle se transformer en véritable redressement national ?



