Massacre à Yelewata : le Nigeria ensanglanté par le conflit entre agriculteurs et éleveurs


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Hommes armés
Des hommes armés

Une attaque d’une violence inouïe a endeuillé le village de Yelewata, dans l’État de Benue, au Nigeria, où plus de 100 personnes ont été tuées par des hommes armés soupçonnés d’être des éleveurs criminels. Ce massacre s’inscrit dans un conflit ancien entre éleveurs nomades et agriculteurs sédentaires, attisé par la raréfaction des ressources. Malgré des promesses d’action, les réponses sécuritaires peinent à enrayer ces violences récurrentes dans la région et au-delà.

Le Nigeria a été une fois de plus secoué par une attaque meurtrière dans le centre-nord du pays. Dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 juin 2025, la communauté rurale de Yelewata, située dans la zone administrative de Guma, État de Benue, a été le théâtre d’une tuerie atroce. Des hommes armés, soupçonnés d’être des éleveurs criminels, ont envahi le village, provoquant l’un des massacres les plus meurtriers de ces derniers mois.

Un conflit ancien, une intensité nouvelle

Selon les premiers bilans fournis par des responsables locaux et des témoins, au moins 102 personnes ont été tuées. Les assaillants ont fait preuve d’une violence extrême, tirant à vue, incendiant les maisons avec de l’essence, et brûlant vifs plusieurs habitants durant leur sommeil. Le carnage a duré plus de deux heures. Les blessés, plus d’une centaine, ont été acheminés vers l’hôpital universitaire de l’État à Makurdi, où le personnel médical a lancé un appel d’urgence aux dons de sang.

Ce drame s’inscrit dans un conflit de longue date entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades au Nigeria, conflit qui s’intensifie au fil des années. Le cœur du problème réside dans la compétition pour des ressources de plus en plus rares : les terres agricoles, les points d’eau, les pâturages et les voies de transhumance. À cela s’ajoute la désertification progressive du nord du pays, qui pousse les éleveurs vers le sud, exacerbant les tensions avec les communautés agricoles.

Une réponse sécuritaire encore trop fragile

Dennis Denen Gbongbon, président de l’Association des agriculteurs unis de la vallée de Benue, a exprimé sa douleur et son impuissance face à cette tragédie. « Nos proches ont été brûlés vivants. Nous sommes en deuil et démunis ». Le conseiller spécial du gouverneur de l’État pour la sécurité, Joseph Har, a confirmé que 102 corps avaient été retrouvés, précisant que les autorités continuaient d’évaluer les dégâts.

La police de l’État de Benue, par la voix de son porte-parole Udeme Edet, a promis que les agresseurs seraient poursuivis. Des unités tactiques ont été déployées dans la zone. Toutefois, cette promesse sonne comme un refrain déjà entendu, tant les précédentes attaques similaires sont restées sans suite judiciaire concrète. L’attaque de Yelewata rappelle d’autres violences intercommunautaires qui secouent l’Afrique subsaharienne.

Attaques à Kaduna, Plateau ou encore Zamfara

Au Nigeria même, ce n’est pas un cas isolé : des États comme Kaduna, Plateau ou encore Zamfara ont connu des attaques similaires au cours des dernières années, souvent attribuées à des groupes armés d’éleveurs ou à des bandits opérant sous couvert de conflits communautaires. Au Burkina Faso, des affrontements réguliers opposent agriculteurs mossis et éleveurs peuls, exacerbés par l’instabilité sécuritaire liée aux groupes djihadistes.

Au Mali également, le conflit entre les Dogons, agriculteurs, et les Peuls, éleveurs, a fait des centaines de morts, notamment lors du massacre d’Ogossagou en 2019, où plus de 160 personnes avaient été tuées. Plus au sud, en République centrafricaine, la question de l’accès aux pâturages a aussi été un facteur aggravant des conflits intercommunautaires.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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