
Au Mali, le Président Assimi Goïta a officiellement dissous l’ensemble des partis politiques et des organisations à caractère politique sur tout le territoire national. Ce décret présidentiel, lu à la télévision nationale, marque un nouveau tournant dans la trajectoire politique du pays, désormais vidé de ses structures partisanes.
C’est par la voix de Mamani Nassiré, ministre délégué auprès du Premier ministre, que le décret a été rendu public : « Les partis politiques et les organisations à caractère politique sont dissous sur toute l’étendue du territoire national », a-t-il déclaré, avant d’ajouter une interdiction de toute réunion de leurs membres.
Le même jour, le général Assimi Goïta a promulgué la loi votée la veille par le Conseil national de transition (CNT) supprimant la charte des partis politiques. Ce texte, adopté en 2005, fixait le cadre moral, juridique et financier du fonctionnement des partis. Son abrogation pure et simple sonne la fin du multipartisme légal au Mali.
Une décision préparée en amont
Cette dissolution n’est pas une surprise pour les observateurs de la vie politique malienne. Fin avril, une « concertation nationale » – largement boycottée par les formations d’opposition mais dominée par les soutiens du régime – avait formulé des recommandations en ce sens. Elle proposait également de proclamer Assimi Goïta président pour un mandat de cinq ans renouvelable, sans passer par une élection.
Cette issue était perceptible depuis plusieurs semaines où des signaux étaient donnés : suspensions de médias, répressions des manifestations, arrestations arbitraires de leaders pro-démocratie comme Cheick Oumar Doumbia, figures de la jeunesse contestataire, et harcèlement judiciaire des opposants. La dissolution des partis politiques met, pour l’instant, un terme à toute perspective de compétition électorale pluraliste. Si le décret prévoit que les responsables politiques siégeant dans des institutions peuvent poursuivre leur mission, il leur est désormais interdit de se prévaloir de toute appartenance partisane.
Des réactions silencieuses mais inquiètes
Dans un climat de peur et de répression, les réactions publiques à cette annonce sont rares. Toutefois, dans les cercles diplomatiques et au sein de la société civile, l’inquiétude est palpable. Samedi dernier, les partis politiques avaient prévu une manifestation pour protester justement contre cette dissolution qui était en perspective. Ladite manifestation a finalement été reportée. Le Collectif des partis politiques pour la Constitution, qui regroupe une centaine de formations, justifie cette décision par des menaces, des appels à la violence et des manœuvres de déstabilisation orchestrées sur les réseaux sociaux, notamment par deux membres du Conseil national de transition (CNT).
Le report, selon eux, s’inscrit dans une volonté de préserver la paix civile tout en poursuivant leur lutte contre la suspension de leurs activités décrétée par la junte militaire. En réalité, à la veille même du jour de la manifestation, Assimi Goïta a signé un décret suspendant « jusqu’à nouvel ordre » toutes les activités des partis politiques et associations à caractère politique sur l’ensemble du territoire malien. Ce qui rendait une telle manifestation illégale.