
À Bamako, l’ancien Premier ministre Moussa Mara risque deux ans de prison pour un message publié sur X jugé attentatoire à la légitimité du régime. Son procès, symbole du durcissement autoritaire de la junte, illustre la répression croissante des voix critiques au Mali. Le verdict est attendu le 27 octobre.
L’ancien Premier ministre malien Moussa Mara est jugé à Bamako dans une affaire qui illustre la sévérité croissante du régime militaire à l’égard des voix critiques. Le parquet a requis, lundi 29 septembre, une peine de vingt-quatre mois de prison contre lui. Le verdict est attendu le 27 octobre prochain.
Un procès très médiatisé à Bamako
Moussa Mara, Premier ministre du Mali entre 2014 et 2015, comparaît devant le tribunal de lutte contre la cybercriminalité. Inculpé pour « atteinte à la crédibilité de l’État » et « opposition à l’autorité légitime », il est poursuivi pour un message publié en juillet sur le réseau social X (anciennement Twitter). Dans ce post, il affirmait rendre visite régulièrement à des prisonniers d’opinion et leur témoignait sa solidarité.
« Aussi longtemps que dure la nuit, le soleil finira évidemment par apparaître », écrivait-il. Ces mots, interprétés par les autorités comme un défi lancé à la légitimité du pouvoir en place, lui valent aujourd’hui de risquer deux ans de détention.
Une procédure qui interroge sur la liberté d’expression
Son avocat, Me Mountaga Tall, plaide l’innocence de son client, estimant qu’aucune infraction n’a été commise. Pour lui, ce procès est moins une question de droit qu’une atteinte flagrante à la liberté d’expression. « Nous nous remettons à la sagesse de la cour pour ne pas suivre le parquet », a-t-il déclaré à l’issue des débats.
Malgré cette défense appuyée, la demande de liberté provisoire introduite par Moussa Mara a été rejetée. L’ancien Premier ministre reste donc incarcéré dans l’attente du délibéré. Ce procès intervient dans un climat politique marqué par la crispation du pouvoir militaire. Depuis les coups d’État de 2020 et 2021, la junte conduite par le colonel Assimi Goïta a multiplié les mesures répressives : dissolution des partis politiques, musellement de la presse et restriction des libertés publiques.
En juillet dernier, le régime s’est octroyé un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable, sans passer par les urnes, reportant sine die toute perspective de transition démocratique.
Une affaire symbole d’un Mali sous contrôle
Le sort judiciaire de Moussa Mara dépasse son cas personnel. Il cristallise le durcissement du régime face aux critiques et l’érosion continue des espaces de liberté au Mali. À travers ce procès, beaucoup y voient un signal adressé à tous ceux qui, dans le pays, osent exprimer une opinion divergente.
Le 27 octobre, la justice malienne devra trancher : conforter la sévérité du parquet ou envoyer un signe d’apaisement en relaxant l’ancien Premier ministre.