
Coup de tonnerre à Cotonou : la Cour constitutionnelle a définitivement écarté le parti d’opposition Les Démocrates de la présidentielle de 2026. En cause, un parrainage jugé invalide qui prive Renaud Agbodjo de candidature. Ce verdict laisse le champ libre à deux duos seulement pour la course à la magistrature suprême.
Le paysage politique béninois a été drastiquement redessiné par une décision de la Cour constitutionnelle, tombée tard dans la soirée du 27 octobre. Le verdict est sans appel : le principal parti d’opposition, Les Démocrates, ne pourra pas participer à l’élection présidentielle du 12 avril 2026. L’instance suprême du contentieux électoral a validé la liste provisoire de la Commission électorale nationale autonome (CENA), écartant définitivement le duo formé par Me Renaud Agbodjo et son colistier. Cette exclusion, motivée par une « insuffisance de parrainages valides », marque un nouveau coup dur pour l’opposition sous la présidence de Patrice Talon.
Le nœud du problème : un parrainage litigieux
L’invalidation de la candidature des Démocrates repose sur un point technique précis : le retrait du parrainage d’un élu du parti, Michel François Oloutoyé Sodjinou, qui s’était opposé à la désignation de Me Agbodjo.
La Cour constitutionnelle a longuement décortiqué le parcours de ce parrainage litigieux. L’élu avait initialement remis son formulaire au président du parti, mais avait ensuite sollicité son annulation devant la justice. Les « sages » de la Cour ont tranché en faveur de l’élu, estimant que la simple « remise du formulaire ne vaut pas parrainage ». Puisque l’élu s’est rétracté avant le dépôt officiel des dossiers, sa démarche est considérée comme « juridiquement recevable » et non abusive. En conclusion, la Cour a affirmé qu’il n’y a eu « aucune violation ni de la Constitution, ni du Code électoral ».
Un scrutin polarisé : deux candidats rescapés
L’exclusion des Démocrates simplifie considérablement le tableau pour l’élection d’avril 2026. La liste provisoire validée par la Cour constitutionnelle ne laisse subsister que deux duos de candidats, qui n’ont plus que la visite médicale à passer pour être définitivement qualifiés :
Romuald Wadagni et Mariam Chabi Talata, issus de la majorité présidentielle. Paul Hounkpè et Rock Judicaël Hounwanou, représentant l’opposition modérée. Le départ de la principale formation d’opposition radicale, Les Démocrates, réduit la compétition et met fin à leurs espoirs d’un retour au pouvoir via les urnes.
Réactions amères de l’opposition
La décision a provoqué une vive réaction au sein du parti. Le conseil juridique des Démocrates, Me Victorin Fadé, a fortement dénoncé le verdict. Il a déploré publiquement : « Ce qui se passe, ce n’est pas de la démocratie », qualifiant ce système d’exclusion de « dérive démocratique » préoccupante.
Les militants, présents à la Cour, ont quitté les lieux « abattus » par ce délibéré. Le candidat débouté, Renaud Agbodjo, a quant à lui reporté sa prise de parole, le visage fermé par la déception, tandis que le paysage politique béninois se dirige vers un scrutin où la contestation radicale sera absente.




