Lutte contre le paludisme : le Togo mise sur la vaccination pour protéger ses enfants


Lecture 4 min.
Vaccination contre le paludisme
Vaccination contre le paludisme

Le paludisme demeure l’une des principales causes de morbidité et de mortalité au Togo, affectant particulièrement les enfants de moins de cinq ans. En 2022, la maladie représentait encore 60% des consultations dans les structures de santé, et les enfants de moins de cinq ans constituaient 34% des cas et 65% des décès. Une réalité alarmante qui pousse les autorités sanitaires à intensifier la riposte, notamment par l’introduction d’un vaccin novateur.

Un nouveau vaccin pour une nouvelle ère

Depuis le 1er septembre, le Togo a intégré le vaccin R21/Matrix-M dans son programme national de vaccination, ciblant prioritairement les nourrissons. Ce vaccin, récemment préqualifié par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sera administré en quatre doses : à cinq, six, sept et quinze mois. La première phase de la campagne concerne environ 269 000 enfants répartis dans les 39 districts sanitaires du pays. Selon Adidja Amani, responsable à l’OMS Afrique, ce vaccin représente un grand espoir dans la lutte contre le paludisme.

Elle rappelle qu’il permet de réduire de manière significative la morbidité, comme observé dans des pays pilotes tels que le Kenya, le Malawi et le Ghana, où une réduction de 13% de la mortalité infantile a été constatée. Cependant, le respect du schéma vaccinal complet est indispensable pour garantir une protection efficace. L’un des défis évoqués est la croyance erronée qu’une seule injection suffirait. L’OMS compte sur la sensibilisation des familles, en particulier des mères, pour assurer la réussite de cette campagne.

Un vaccin complémentaire, pas un substitut

Le R21 ne vient pas remplacer les mesures préexistantes, mais les renforce. La stratégie de lutte contre le paludisme au Togo repose depuis plusieurs années sur une approche intégrée : distribution massive de moustiquaires imprégnées (plus de 6,6 millions en 2023), pulvérisations intra-domiciliaires, chimioprévention saisonnière pour les enfants, traitements préventifs chez les femmes enceintes, ainsi que le diagnostic et traitement précoces des cas.

Le vaccin représente une barrière supplémentaire contre la propagation de la maladie. Le Togo devient ainsi le 22ᵉ pays africain à introduire cette vaccination, un choix salué par l’OMS comme le reflet d’un leadership fort et d’une volonté politique affirmée. L’introduction du vaccin a été précédée par une campagne de sensibilisation, notamment lors d’une rencontre organisée à Lomé le 26 août. Cette réunion a réuni des responsables politiques, des leaders communautaires, des parents et des acteurs de l’éducation. L’objectif est clair : garantir l’adhésion des populations à cette initiative de santé publique.

Le Coartem Baby : une grosse avancée pour les nourrissons

Le soutien international a également été capital. L’Alliance mondiale pour les vaccins (Gavi) a joué un rôle central dans le déploiement du R21 au Togo. Sa directrice exécutive, Sania Nishtar, a récemment réitéré l’engagement de Gavi auprès du Président togolais Faure Gnassingbé, renforçant ainsi la dynamique nationale de lutte contre le paludisme.

Parallèlement au vaccin, une nouvelle arme thérapeutique a vu le jour : le Coartem Baby, premier traitement antipaludique spécifiquement conçu pour les enfants de moins d’un an ou pesant au moins 4,5 kg. Développé par Novartis avec le soutien de Medicines for Malaria Venture, ce médicament est proposé à but non lucratif et pourrait transformer la prise en charge de la maladie chez les nourrissons. Jusqu’alors, aucun traitement adapté n’était disponible pour cette tranche d’âge, exposant les bébés à des médicaments inappropriés et à des effets secondaires graves.

Un objectif continental : éliminer le paludisme d’ici 2030

Avec cet outil, l’OMS espère renforcer la protection des 30 millions de nourrissons nés chaque année dans des zones à haut risque. Le Ghana a déjà entamé le déploiement de ce traitement, bientôt suivi par d’autres pays comme la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Nigeria. L’OMS ambitionne d’éradiquer le paludisme d’ici 2030, un objectif ambitieux mais jugé atteignable. Le Cap-Vert est devenu, début 2024 le troisième pays africain à éradiquer le paludisme après l’Île Maurice et l’Algérie.

Ce qui démontre que cette victoire est possible avec de bonnes stratégies, une volonté politique forte et un engagement communautaire. Le Cap-Vert a réussi cette performance après avoir contenu la maladie sur deux îles pendant plusieurs années et mené une politique de santé proactive incluant la gratuité des soins, le diagnostic précoce et des campagnes ciblées. Cette réussite a été saluée par l’OMS comme un rayon d’espoir pour l’Afrique.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News