Libye : les affaires reprennent


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Washington a levé, vendredi, la plupart des sanctions économiques qui touchaient la Libye depuis 1986. Résultat : les sociétés pétrolières américaines préparent leur retour en terre libyenne. Tripoli doit signer, dès lundi, son premier contrat d’exploitation de pétrole à destination des Etats-Unis.

La Libye est redevenue fréquentable aux yeux de Washington. Vendredi dernier, les Etats-Unis ont considérablement assoupli les sanctions économiques qui pèsent sur le pays d’Afrique du Nord depuis 18 ans, levant « tous les obstacles » à l’exportation de pétrole libyen vers les Etats-Unis, comme l’a précisé Abdel Rahman Chalgham, le chef de la diplomatie libyenne. L’allègement de l’embargo économique, décidé par le Président américain George Bush, permet la « reprise de la quasi-totalité des activités commerciales entre les deux pays, des transactions financières et des investissements », indique un communiqué de la Maison-Blanche. « Les sociétés américaines pourront acheter du pétrole et des produits pétroliers libyens ou investir dans le secteur. Les banques et autres sociétés de services financiers auront le droit de financer ces transactions », poursuit le communiqué. Ce dernier précise que la Maison Blanche « ne s’oppose plus à ce que la Libye adhère à l’Organisation mondiale du Commerce » et s’engage à « encourager la réintégration de la Libye sur le marché mondial ».

De fait, Tripoli doit signer dès lundi son premier contrat d’exploitation de pétrole à destination des Etats-Unis et a indiqué que cette première cargaison de brut devrait être exportée en mai. Pas de temps à perdre, semble-t-on se dire des deux côtés. Des discussions sont d’ores et déjà en cours avec les firmes américaines qui étaient présentes dans le pays avant 1986.

Mettre en valeur son potentiel

Mercredi, le ministre libyen de l’Energie, Fathi Omar ben Chatouan, avait déjà annoncé que le potentiel de réserves pétrolières de son pays pourrait être trois fois plus important que ses réserves prouvées actuelles qui s’élèvent à 36 milliards de barils. L’assouplissement des sanctions devrait effectivement permettre à la Libye de développer un secteur pétrolier en perte de vitesse et pourtant vital à l’économie du pays. Tripoli mise sur l’expertise, la technologie et les financements américains pour regonfler sa production, qui aurait chuté de moitié ces trente dernières années. Pour rappel, la production libyenne de pétrole était de 3,3 millions de barils/jour en 1970.

Washington met également fin à la loi qui lui permettait de sanctionner les firmes investissant plus de 200 millions de dollars par an dans les secteurs pétroliers et gaziers libyens. Ainsi, les compagnies italiennes, françaises et allemandes -qui dominaient jusqu’ici les investissements pétroliers dans le pays – vont pouvoir également redéployer leur activité.

Le bâton et la carotte

Les importations de pétrole libyen avait été interdites par l’ancien Président américain Ronald Reagan en 1982. Les sanctions économiques avaient été adoptées en 1986 puis reconduites en 1996. L’assouplissement de celles-ci récompense Tripoli pour l’abandon de son programme d’armes de destruction massives, le 19 décembre dernier. Dès le 26 février, les Etats-Unis avaient annoncé des mesures de dégel, dont l’ouverture d’une section d’intérêts libyens à Washington. Malgré tout, la Libye reste sur la liste américaine des pays soutenant le terrorisme. A ce titre, les exportations d’armement américain vers la Libye sont interdites, les vols directs entre les deux pays ne sont pas encore autorisés et les avoirs libyens aux Etats-Unis restent gelés. Le maintient de la Libye sur la liste noire du terrorisme oblige également Washington à voter contre les prêts que voudraient accorder des institutions financières internationales.

Pourtant, les officiels libyens se disent confiants et misent sur une levée totale et rapide des sanctions. Premier geste positif : le Département d’Etat américain a décidé d’installer un bureau de liaison dans la capitale libyenne. Le réchauffement des relations entre les deux pays avait commencé en août 2003 avec la reconnaissance par le régime du colonel Kadhafi de sa responsabilité dans l’attentat de Lockerbie, en 1988. En attendant la complète normalisation des relations diplomatiques (rompues en 1981), c’est le pétrole qui servira de calumet de la paix.

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