Les réfugiés rwandais : sujet absent de la déclaration de principe initiée par les USA


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Des réfugiés
Des réfugiés

Les États-Unis sont en train d’imposer la paix à l’est du Congo à un rythme effréné. Une paix à n’importe quel prix ! À l’heure actuelle, ne vaut-il pas mieux cela qu’une guerre qui perdure ?

La région est totalement épuisée, déboussolée. Les intérêts géopolitiques et géostratégiques peuvent être préservés et garantis, sans pour autant passer, chaque fois, par la guerre. Entre 15 et 20 millions de victimes ! Faudra-t-il encore davantage ?
Si les États-Unis (ou une autre puissance) parviennent, dans le contexte actuel, à imposer la paix, ce sera un très grand soulagement pour la population, qui conjugue guerre et pauvreté. On peut toujours critiquer les méthodes utilisées, mais ce qui compte aux yeux de la population, c’est le retour de la paix.

Plus de trente ans de massacres systématiques, de viols, de déplacements massifs, de pillages, de désastres et de ravages épidémiques, d’effondrement des systèmes éducatifs, administratifs, culturels, etc., le bilan est assez macabre.

Se rendant probablement compte de l’échec de la guerre à ce stade, les États-Unis peaufinent une nouvelle tactique : mouiller la chemise dans le conflit et user de leur influence dissuasive pour exiger son arrêt. Dès lors, l’exploitation minière sera moins freinée par le bruit des armes et celui des journalistes du monde entier, qui attisent la guerre à longueur de journée, selon leur sensibilité.

Première étape

Le 25/04/2025, les ministres des Affaires étrangères rwandais et congolais ont conjointement signé, à Washington, une « déclaration de principe ». Cette dernière, supervisée par le secrétaire d’État Marco Rubio, vise dans ses ambitions à promouvoir la paix et le développement économique dans la région des Grands Lacs.

La déclaration définit un cadre de base, en vue de l’élaboration d’un avant-projet d’accord attendu pour le 02/05/2025. C’est une véritable course contre la montre. À ce rythme, les États-Unis réalisent, en un laps de temps très court, un exploit inédit. Pourvu que cela tienne et dure !

Les pays africains se sont empêtrés dans ce conflit, avec mille médiateurs sans rien de concret, mis à part les accords de Luanda jamais signés. La présence américaine aura tout changé en un seul jour. L’adage rwandais le résume en quatre unités : « Akagabo gahimba akandi kataraza », dont le sens est appréhendé par comparaison : le rugissement du lion fait taire tous les petits animaux de la jungle.

Comme par hasard, l’intervention américaine confirme en substance mon hypothèse selon laquelle « la solution africaine aux problèmes africains est une fausse bonne idée ».

Les réfugiés rwandais : sujet absent de la déclaration du 25/04/2025

Le Rwanda compte plusieurs foyers de réfugiés en Afrique et sur d’autres continents. Le HCR estime à environ 209 000 le nombre de réfugiés rwandais encore présents en RDC et environ 81 000 réfugiés congolais se trouvant au Rwanda. La majorité fuit, depuis trente ans, un régime autocratique ne tolérant aucune liberté d’expression. Pourtant, le monde semble l’ignorer. Le monde semble aussi ignorer qu’il existe une opposition politique muselée et réprimée aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

La déclaration de principe mentionne explicitement le retour des réfugiés congolais installés au Rwanda, sans faire la moindre allusion aux milliers de réfugiés rwandais livrés à eux-mêmes dans les forêts congolaises et ailleurs.

Tant que cette problématique n’est pas prise en compte et traitée dans sa dimension globale, la paix restera toujours précaire. Il en va de même pour la gestion des systèmes de gouvernance. Ces derniers doivent impérativement promouvoir, de façon durable et inclusive, la démocratie et un échange économique équitable à l’échelle régionale. En l’absence de ces principes fondateurs, la paix restera toujours aussi lointaine que la lune.

Eh bien, les prochains jours nous réservent des surprises qui dévoileront inévitablement la nature de la paix que les États-Unis préconisent pour le Congo et pour toute la région. La deuxième étape, celle du 02/05, apportera sans doute quelques éléments de réponse !

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