Les rebelles tchadiens en route pour N’Djamena


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Les rebelles tchadiens de l’Alliance nationale poursuivent leur progression vers N’Djamena, avec la prise ce lundi de Biltine. Une progression qui tient plus de la « publicité médiatique », expliquait dimanche le gouvernement. La France a affirmé qu’elle resterait neutre, contrairement au mois de février où elle avait aidé le président à se débarrasser des dissidents près de le renverser.

« Notre objectif est N’Djamena ». Le porte-parole de l’Alliance nationale, Ali Gueddei, a ainsi résumé à l’AFP le but de la nouvelle offensive rebelle tchadienne, lancée mercredi à partir du Soudan. La coalition de factions dissidentes est entrée jeudi sur le sol tchadien, après de brefs combats, et s’est heurtée samedi à Goz Beïda (Est) à l’armée régulière et à la Force Européenne Eufor.

« Publicité médiatique »

L’Eufor, dont c’était la première intervention militaire, a indiqué qu’elle a dû riposter par « légitime défense » à des tirs de roquettes. Elle a par ailleurs déployé des blindés autour de Goz Beïda pour protéger, selon son mandat, les 36 000 réfugiés du Darfour (Ouest du Soudan) et 80 000 déplacés tchadiens installés dans les camps. Les rebelles ont toutefois pu se saisir de véhicules tout-terrain et de téléphones satellitaires appartenant à plusieurs ONG.

Dimanche, les forces gouvernementales avaient repris Goz Beïda, alors que les rebelles se dirigeaient à Am-Dam, qu’ils ont atteint à la « mi-journée » sans rencontrer de « grande résistance », d’après Ali Gueddei. « Les mercenaires ont effectué un passage à Am-Dam où il n’y a pas de militaires et que six gendarmes. Nous savons qu’ils ont besoin de faire la publicité de leurs attaques auprès de leurs commanditaires », a rétorqué à l’AFP le ministre de la Communication Mahamat Hissène.

« Violents combats » près de Biltine

Ce lundi, de « violents combats » auraient opposé l’armée loyaliste aux rebelles près de Biltine, une ville de l’Est du pays dont l’Alliance nationale s’était emparée dans la matinée. « Les rebelles tentent de nous attirer pour qu’on dégarnisse certains points mais l’armée a renforcé tous les coins stratégiques », a confié à l’AFP un officiel de haut rang tchadien. Il précise que les dissidents ont été bombardés « à plusieurs reprises » ce lundi et qu’ils ont dû laisser « 17 véhicules dans la région du Batha » (Est).

Le Figaro indique que les rebelles emmenés par le général Mahamat Nouri et soutenus par le Soudan « disposeraient de plus de 450 pick-up remplis d’hommes prêts à foncer sur la capitale. Leur stratégie est celle de l' »éventail » : leurs véhicules se dispersent dans le désert afin d’échapper à la surveillance aérienne puis se rejoignent à un point donné pour un raid ». Avec en ligne de mire N’Djamena.

« La France n’interviendra plus »

Un doux rêve selon le ministre Mahamat Hissène : « Depuis 2005, l’objectif de Khartoum est de renverser le régime en place au Tchad, c’est pourquoi il leur faut attaquer N’Djamena. Mais ils ne réussiront pas. A chaque fois, ils viennent, ils sont repoussés et ils rebroussent chemin ». Notamment en raison de l’intervention de la France qui, dans le cadre de l’opération Epervier, renseigne le gouvernement tchadien sur les mouvements de l’opposition armée. On se souvient notamment qu’en février l’Hexagone avait offert un soutien crucial au camp du président Déby Itno, à deux doigts d’être éjecté du pouvoir.

Mais cette fois-ci, a assuré le ministre français des Affaires Etrangères, les choses seront différentes. « Nous ne sommes plus, de ce point de vue, ceux qui interviennent pour maintenir les gouvernements en place en Afrique. C’est terminé tout ça », a déclaré Bernard Kouchner lors d’une conférence de presse dimanche à Abidjan (Côte d’Ivoire), soulignant que « la France n’interviendra plus ». Ce message a été accueilli « avec satisfaction » par les rebelles, qui avaient menacé vendredi de prendre « pour cible » les avions français si Paris ne cessait pas ses missions aériennes de « renseignement ».

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