
Les violences armées, qui ravagent le nord du Mozambique depuis 2017, ont atteint un seuil critique en 2025. Avec la propagation des attaques au-delà de la province de Cabo Delgado, le conflit s’étend désormais à Nampula, déplaçant plus de 1,3 million de personnes et submergeant les capacités d’aide humanitaire. Face à cet afflux chaotique et rapide de réfugiés, l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) lance un appel urgent à la communauté internationale.
Les violences qui ont débuté à Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique, en 2017, ont déjà déplacé plus de 1,3 million de personnes. Cependant, l’année 2025 marque une évolution inquiétante car les attaques surviennent désormais simultanément au-delà de Cabo Delgado, jusqu’à la province voisine de Nampula. Cette propagation met en danger des communautés qui avaient auparavant accueilli des déplacés internes. L’intensification des attaques contre les villages et la propagation rapide du conflit dans des districts auparavant sûrs ont forcé énormément de personnes à fuir, dont près de 100 000 en seulement deux semaines, comme l’a annoncé mardi l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR).
Fuites chaotiques et vulnérabilité des civils
Alors que la violence se propage rapidement, les civils n’ont pratiquement aucun avertissement et arrivent dans des sites de fortune, notamment des écoles et des espaces ouverts, dans la province de Nampula. Beaucoup fuient sans aucun document civil et sans accès aux services essentiels, marchant pendant des jours dans une peur extrême. Les personnes qui ont réussi à se mettre en sécurité racontent avoir fui dans la panique lorsque des groupes armés ont pris d’assaut leurs villages, souvent de nuit, brûlant les maisons, attaquant les civils et forçant les familles à partir sans rien.
Pour certains, c’est la deuxième ou troisième fois qu’ils sont déplacés cette année à cause des attaques qui les suivent dans de nouvelles régions, laissant derrière eux des parents sans nouvelles de leurs enfants et des personnes âgées bloquées sur les lieux des violences.
Des besoins humanitaires qui dépassent les capacités
Depuis Nampula, le représentant du HCR au Mozambique, Xavier Creach, a déclaré lors d’un point de presse de l’ONU à Genève mardi : « Alors que les besoins augmentent à un rythme sans précédent, les capacités des acteurs humanitaires et gouvernementaux ne suivent pas, et les efforts collectifs restent insuffisants pour répondre à l’ampleur des besoins de protection et d’assistance sur le terrain. »
Les enfants, en particulier, arrivent épuisés et traumatisés dans les nouvelles communautés, affaiblis après des jours de marche, certains avec les pieds enflés et souffrant de malnutrition. Beaucoup sont non accompagnés ou séparés de leur famille, seuls dans un environnement inconnu et confrontés à la peur, à l’incertitude et aux risques. Les équipes humanitaires sur le terrain identifient les personnes les plus vulnérables, aident les familles à se réunir et mènent des actions de sensibilisation auprès des communautés afin de partager des informations et de renforcer la sécurité des nouveaux arrivants.
Une pression intenable sur les communautés d’accueil
Sur le terrain, l’afflux soudain de personnes met une pression énorme sur les communautés d’accueil déjà fragiles, elles aussi confrontées à l’insécurité. Les écoles, églises et espaces ouverts sont bondés de familles nouvellement arrivées, dont beaucoup dorment à la belle étoile. Cette situation met les femmes et les filles dans un nouvel état d’insécurité, les exposant à de nouveaux risques de violence sexuelle et sexiste. Les personnes âgées et handicapées sont également en difficulté car elles accèdent à des sites non adaptés à leurs situations.
Le HCR a mis en place des services d’assistance pour fournir des conseils et aider les familles, en coordination avec les autorités locales, malgré un manque de ressources face à l’augmentation quotidienne des besoins. Avec l’augmentation rapide du nombre de personnes déplacées et le peu de fonds disponibles pour le dernier mois de l’année, les services essentiels, notamment la protection, l’hébergement, l’alimentation, l’eau et l’assainissement, sont soumis à une forte pression.
Le HCR a donc lancé un appel urgent à la communauté internationale pour qu’elle apporte son soutien afin de :
- Protéger les personnes contraintes de fuir.
- Renforcer les communautés d’accueil déjà surchargées.
À cet effet, l’organisation aura besoin de 38,5 millions de dollars en 2026 pour répondre aux besoins croissants dans le nord du Mozambique. Cette situation survient alors que le financement pour 2025 ne représente que 50 % des 42,7 millions de dollars jugés nécessaires. « Une aide urgente est nécessaire pour empêcher que la crise s’aggrave », a insisté Xavier Creach à Genève




