Mozambique : l’UNICEF alerte sur les enlèvements d’enfants par l’État islamique


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Manifestation au Mozambique
Manifestation au Mozambique

Enlèvements, assassinats, enrôlements forcés : au Mozambique, les enfants paient le prix fort d’un conflit qui s’enlise. Alors que les attaques ont bondi de 36 % en 2024 dans la province de Cabo Delgado, plus de 600 000 personnes ont fui les violences. Face au déni des autorités et à l’indifférence internationale, une génération entière grandit dans la terreur.

Dans le nord du Mozambique, quatre ans après la chute de Pemba aux mains du groupe État islamique, la province de Cabo Delgado vit au rythme des attaques armées. Depuis 2017, plus de 6 000 personnes ont perdu la vie dans ce conflit et la situationcontinue de s’aggraver dangereusement.

Rien qu’en 2024, les attaques meurtrières ont connu une hausse alarmante de 36 %. Dans ce contexte chaotique, c’est la détresse des enfants qui alarme aujourd’hui la communauté internationale. L’UNICEF lance un cri d’alarme.

Des enfants pris pour cibles par les groupes armés

Le 11 mai dernier, le village de Magaia, dans le district de Muidumbe, a été le théâtre d’un nouveau drame : trois jeunes filles de 12, 14 et 17 ans ont été tuées, et huit autres enfants ont été enlevés, selon l’UNICEF. L’agence des Nations unies se dit « profondément préoccupée » par cette recrudescence d’enlèvements, d’enrôlements forcés et d’assassinats ciblés de mineurs. Ces actes barbares s’inscrivent dans un cycle de violence où les enfants deviennent des proies faciles pour des groupes armés non étatiques qui n’hésitent plus à les utiliser comme combattants ou boucliers humains.

Le silence officiel face à une réalité sanglante

Alors que les autorités de Maputo continuent d’affirmer que la situation est « stable » et « sous contrôle », les faits racontent une toute autre histoire. En avril, 11 soldats mozambicains ont été tués dans une attaque revendiquée par l’État islamique, suivie en mai par la mort de trois militaires rwandais. Fin mai, une trentaine de soldats mozambicains ont également été abattus dans de violents affrontements. Malgré la présence de plus de 2 000 soldats envoyés par le Rwanda, la violence semble inexorable. Et pourtant, le gouvernement envisage de réduire de 36 % son budget de la défense, malgré les besoins urgents sur le terrain.

Un peuple déraciné, une crise humanitaire oubliée

L’insécurité a déjà provoqué le déplacement de plus de 600 000 personnes dans le nord du Mozambique. Le Conseil norvégien pour les réfugiés classe cette crise parmi les plus négligées au monde, juste après celles du Cameroun et de l’Éthiopie. Pour les enfants, le traumatisme est profond : arrachés à leurs familles, exposés à des violences extrêmes, privés de scolarité et de soins, ils voient leur avenir sombrer dans l’incertitude et la peur.

L’appel à l’action de l’UNICEF

L’UNICEF et ses partenaires appellent à un soutien renforcé pour protéger ces enfants et favoriser leur retour et leur réintégration dans leurs communautés. Mais face à l’insuffisance des moyens, les actions restent limitées. Chaque jour qui passe dans l’indifférence internationale est une nouvelle blessure infligée à une génération déjà meurtrie.

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