Mozambique 120 enfants enlevés à Cabo Delgado, HRW tire la sonnette d’alarme


Lecture 3 min.
Des enfants au Malawi
Des enfants au Malawi

La province de Cabo Delgado, au nord du Mozambique, est de nouveau secouée par des violences extrêmes. Depuis janvier 2025, au moins 120 enfants ont été enlevés par des insurgés affiliés à l’État islamique, selon Human Rights Watch. Exploités, enrôlés ou mariés de force, ils deviennent les victimes silencieuses d’un conflit meurtrier, que la communauté internationale continue d’ignorer.

Au nord du Mozambique, la province de Cabo Delgado replonge dans l’horreur. Selon Human Rights Watch (HRW), au moins 120 enfants ont été enlevés depuis janvier 2025 par un groupe armé affilié à l’État islamique. Utilisés comme porteurs, combattants ou forcés au mariage, ces enfants sont les premières victimes d’une guerre longue, violente, et largement ignorée par la communauté internationale. Dans cette région riche en gaz mais marginalisée, l’insécurité s’intensifie malgré la présence de forces étrangères.

Des enfants enlevés et enrôlés de force

Les insurgés d’al-Shabab, à ne pas confondre avec leurs homologues somaliens, multiplient les raids dans les villages isolés de Cabo Delgado. HRW évoque un pic alarmant d’enlèvements d’enfants, parfois âgés de seulement 12 ans. Certains sont relâchés, mais beaucoup restent introuvables. Les plus jeunes sont exploités pour le transport de butin, les travaux forcés ou enrôlés comme combattants. Les filles, quant à elles, sont parfois mariées de force ou exécutées, comme lors du raid meurtrier de Muidumbe, le 11 mai dernier.

Human Rights Watch rappelle que le recrutement d’enfants de moins de 15 ans dans des conflits armés constitue un crime de guerre. Pourtant, sur le terrain, les violations se multiplient, sans réponse suffisante de la part des autorités. Le silence du gouvernement mozambicain, combiné à l’isolement géographique de la région, freine la médiatisation et la réaction internationale. L’UNICEF et d’autres ONG tirent la sonnette d’alarme, mais les moyens manquent pour enrayer l’escalade.

Une insécurité persistante malgré les renforts

Depuis le début de l’insurrection en 2017, plus de 6 000 personnes ont été tuées, et 1,3 million ont dû fuir leur foyer. Malgré l’envoi de troupes par le Rwanda, l’Afrique du Sud et d’autres pays partenaires, les attaques continuent. En 2021, l’assaut contre Palma avait déjà forcé des milliers d’habitants à fuir dans la forêt. Aujourd’hui encore, les violences freinent l’exploitation des importantes ressources gazières de la région, compromettant tout espoir de développement local.

Le conflit à Cabo Delgado s’inscrit dans un contexte plus large d’abandon et de crise humanitaire. Le Conseil norvégien pour les réfugiés estime que près d’un million de personnes vivent dans des conditions d’urgence alimentaire, et plus de 5 millions en situation d’insécurité. Entre conflits armés, cyclones dévastateurs et aide internationale en déclin, la population est à bout. Les enfants, eux, continuent de disparaître dans l’ombre, otages d’une guerre à huis clos.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News