
Le racisme, qu’il soit d’origine ethnique ou culturelle, frappe durement aussi bien sur le sol marocain qu’à l’international. Les récents événements dans le monde du football mettent en lumière une réalité dérangeante : les Marocains peuvent être à la fois instigateurs de comportements racistes et leurs victimes.
Le 23 avril 2025, lors d’un match entre le Raja de Casablanca et le Hassania d’Agadir au complexe Mohammed V, des slogans jugés anti-Amazighs ont été scandés par certains supporters du Raja. Dix-huit associations amazighes ont dénoncé ces propos dans un communiqué, évoquant des discours haineux menaçants, nuisibles à la cohésion sociale et à l’unité nationale. Ce n’est pas la première fois que de tels actes sont signalés.
Victimes de slogans racistes
Des incidents similaires avaient déjà eu lieu en octobre 2022 lors d’une autre rencontre impliquant les mêmes clubs. Les associations avaient saisi le ministère public et la Fédération royale marocaine de football, sans suite concrète selon elles. D’autres équipes comme l’Olympique Dcheira et Amal Tiznit ont également été victimes de slogans racistes lors de leurs matchs respectifs en 2024 et 2025.
Paradoxalement, les Marocains sont également victimes de racisme à l’étranger. Lamine Yamal, jeune prodige d’origine marocaine et équato-guinéenne évoluant au FC Barcelone, a été insulté lors du Clasico contre le Real Madrid en octobre 2024. Après avoir marqué un but, il a été la cible d’insultes racistes telles que « Arabe de me » et « Pn de noir », proférées depuis les tribunes du stade Santiago Bernabéu.
« Campagne de désinformation » montée par certains médias ?
Dans une interview récente, le joueur a fait preuve de maturité en minimisant l’impact de ces insultes, préférant se concentrer sur les aspects positifs de sa carrière. Mais l’incident montre à quel point le racisme reste ancré dans certains milieux sportifs, même au plus haut niveau. Au Maroc, le Raja de Casablanca s’est retrouvé au cœur d’une autre polémique liée à un photomontage raciste partagé par des supporters sur les réseaux sociaux.
Ce montage représentait un homme aux traits caricaturaux, vêtu du maillot du Wydad, accompagné d’un message visant les ressortissants congolais vivant au Maroc. Le club s’est rapidement dissocié de cette publication, dénonçant une « campagne de désinformation » montée selon lui par certains médias, et affirmant que seuls ses canaux officiels sont habilités à le représenter.
Valse entre silence des institutions et banalisation des propos haineux
Ces différents événements montrent que le racisme au sein du football n’est ni un phénomène isolé ni unilatéral. Il traverse les frontières, touche toutes les strates sociales et révèle les failles d’un système qui, souvent, reste silencieux face aux dérives. Au Maroc, l’absence de sanctions claires contre les supporters haineux pousse les associations amazighes à craindre une escalade de la violence dans les stades.
À l’étranger, les joueurs d’origine marocaine, comme Lamine Yamal sont confrontés à des humiliations publiques qui interrogent sur l’efficacité des politiques anti-racistes dans les grandes ligues européennes. Le football, sport universel, devient ainsi un miroir de la société. Il reflète à la fois les fractures internes du Maroc et la discrimination dont ses ressortissants peuvent être victimes ailleurs. Et voilà qu’on valse entre silence des institutions et banalisation des propos haineux.