Le sacre de Rabat : les lycées africains révolutionnent les Olympiades françaises de la Chimie


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illustration de la victoire du Lycée Jacques Chirac de Rabat aux Olympiades de Chimie
illustration de la victoire du Lycée Jacques Chirac de Rabat aux Olympiades de Chimie

Le Groupe Scolaire Jacques Chirac de Rabat remporte le prestigieux concours « Parlons Chimie » des Olympiades nationales de la Chimie 2025, illustrant la montée en puissance des établissements africains dans l’excellence scientifique française.

Sur les cinquante finalistes rassemblés à Paris pour la 41ᵉ édition des Olympiades nationales de la Chimie, sept représentaient des lycées français implantés sur le continent africain. Ainsi, ce record illustre l’essor de la filière scientifique au sud de la Méditerranée. Et c’est précisément un établissement africain, le Groupe Scolaire Jacques Chirac (GSJC) de Rabat, qui a raflé le premier prix du concours de communication « Parlons Chimie » grâce à un projet aussi pointu que culturel : « La Chimie au galop ! »

Le Maroc à la première place : quand la Tbourida inspire la science

Les lauréats marocains Yasmine Kadmiri Idrissi et Yassine Bekkaoui se sont penchés sur la détection de substances dopantes chez les chevaux de Tbourida, spectacle équestre marocain classé au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Leur protocole mobilise la chromatographie en phase liquide couplée à la spectrométrie de masse pour repérer, dans l’urine équine, des résidus de corticostéroïdes interdits. « Nous voulions prouver que la chimie peut protéger un héritage ancestral, pas le menacer », confie Yasmine, saluant « le soutien constant de nos professeurs et d’un vétérinaire de la Garde royale ».

Le projet a séduit le jury par son ancrage local – la Tbourida est indissociable des moussem et fêtes traditionnelles marocaines – et par sa dimension sportive, parfaitement en phase avec le thème 2025, « Chimie & Sport ».

Un podium francophone… et marocain

Le palmarès « Parlons Chimie » démontre la vitalité du réseau AEFE. Le Lycée français Jacques Chirac de Rabat (Maroc) a obtenu la première place pour son projet « La Chimie au galop ! ». La deuxième place est partagée ex æquo entre le Lycée Gustave Eiffel de Lille (France) avec « La crevette marque son SC » et le Lycée Joseph Gallieni de Toulouse (France) avec « La Chimie et le sport automobile« . Enfin, la troisième place a été décernée au Lycée français Sophie Germain de Rabat (Maroc) pour sa « Crème anti-inflammatoire à l’eucalyptus« .

Outre les deux établissements de Rabat, le Lycée Jean-Mermoz de Dakar et le Lycée Blaise-Pascal d’Abidjan figuraient parmi les 3 500 candidats des sélections régionales. « Les projets venus d’Afrique gagnent en technicité et en ancrage sociétal chaque année », observe Gilberte Chambaud de la Société chimique de France.

Pourquoi l’Afrique progresse-t-elle si vite ?

Plusieurs facteurs expliquent cette progression remarquable des établissements africains. D’abord, le réseau AEFE se montre particulièrement dynamique : les 54 lycées français d’Afrique intègrent désormais les Olympiades à leurs parcours d’orientation et plusieurs ont créé des clubs de chimie dotés de mini-laboratoires.

Les partenariats industriels jouent également un rôle crucial. Au Maroc, l’OCP, Safran et la Fondation MAScIR financent du matériel analytique et des stages pour les lauréats. Au Sénégal, l’Institut Pasteur de Dakar accueille les finalistes pour des travaux pratiques de biochimie.

Enfin, le lien entre formation et emploi s’est considérablement renforcé. Les lauréats africains obtiennent souvent des bourses pour des CPGE ou BUT en France, puis reviennent dans l’industrie locale, notamment dans les secteurs des phosphates, de la pharmaceutique ou des cosmétiques végétaux.

Si le podium « labo » reste dominé par la métropole (Grenoble, Rouen, Strasbourg), plusieurs Africains ont intégré le top 20 du classement, dont Amira Mahfoudh (Lycée Pierre-Mendès-France, Tunis) pour un travail sur des matériaux composites de raquettes de padel à base de fibres de lin tunisiennes. « À terme, nous viserons la première marche », promet son professeur.

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