
L’élection du pape Léon XIV, premier Américain à accéder au trône pontifical, suscite une onde d’enthousiasme inattendue en Haïti. Derrière son nom civil, Robert Francis Prevost, certains voient les traces d’une lignée haïtienne oubliée, enracinée dans les quartiers créoles de La Nouvelle-Orléans. Si le Vatican reste silencieux, cette filiation présumée soulève espoirs, fiertés et interrogations sur l’identité du nouveau souverain pontife.
L’élection du pape Léon XIV, de son vrai nom Robert Francis Prevost, a marqué l’histoire récente de l’Église catholique : pour la première fois, un Américain accède au trône de Saint Pierre. Mais au-delà de cette avancée symbolique, une autre facette de son identité intrigue et passionne : ses liens possibles avec Haïti. Des rumeurs relayées sur les réseaux sociaux aux travaux de généalogistes, la question de son ascendance haïtienne alimente un débat brûlant entre fierté, spéculations et revendications culturelles.
Une trace dans les archives de La Nouvelle-Orléans
C’est à La Nouvelle-Orléans, cœur historique de la diaspora créole et afrodescendante aux États-Unis, que remonterait le fil familial du pape Léon XIV. Le généalogiste Jari C. Honora a identifié un acte de mariage de 1887 mentionnant Joseph Martinez, arrière-grand-père du pape, comme étant né en Haïti. Cet homme aurait ensuite émigré en Louisiane, dans le Seventh Ward, un quartier emblématique des « gens de couleur libres ». Sa descendance s’est installée à Chicago, où naquit Mildred Martinez, mère du futur pontife.
L’Église Notre-Dame du Sacré-Cœur conserve ce précieux document qui, s’il est authentifié, relierait le pape Léon XIV à la riche histoire haïtienne et créole américaine. Toutefois, le Vatican n’a pas confirmé cette origine, et le souverain pontife lui-même ne s’est pas exprimé publiquement sur ses racines.
À Port-au-Prince, l’espoir d’un regard nouveau
En Haïti, cette possible filiation résonne bien au-delà de la généalogie. Dans un pays ravagé par la violence des gangs, l’instabilité politique et la misère, la nouvelle d’un pape aux origines haïtiennes redonne un peu d’espoir. « Un pape d’origine haïtienne, je pense que nous serons dans ses prières », déclare Josue Derosier, catholique de Port-au-Prince. Beaucoup espèrent que ce lien, aussi ténu soit-il, poussera Léon XIV à se pencher davantage sur la détresse du peuple haïtien.
Pour d’autres, cette révélation incarne aussi une revanche symbolique : celle d’un peuple souvent marginalisé qui verrait l’un de ses fils, même éloigné, porter le poids spirituel de l’Église universelle. Le représentant démocrate de Louisiane, Troy Carter, s’est empressé de saluer cette ascendance, parlant avec fierté d’un « homme noir et fils de la Nouvelle-Orléans » à la tête du Vatican.
Entre silence du Vatican et attentes populaires
Malgré l’émotion suscitée, cette filiation reste à l’état de présomption. Aucun communiqué officiel ne l’a encore confirmée. L’Église catholique, prudente sur ces questions identitaires, semble vouloir éviter toute instrumentalisation ou récupération symbolique. Mais le débat, lui, est déjà lancé, et bien vivant.
Ce que cette controverse révèle, c’est l’aspiration profonde à voir dans les hautes sphères du pouvoir spirituel des figures plus proches, plus diverses, et plus représentatives de la pluralité des croyants. Léon XIV, engagé de longue date auprès des populations marginalisées en Amérique latine, semble déjà en phase avec cette mission d’ouverture. Reste à savoir s’il embrassera aussi, symboliquement, cet héritage haïtien que tant lui prêtent et revendiquent.